III – Le visible.

L’archive lapidaire existe. Si c’est une évidence pour qui s’intéresse aux « livres de pierres » des tympans des églises romanes par exemple, il n’est pas certain qu’elle soit partagée par l’ensemble des historiens contemporanéistes. Travaillant sur le temps court, nous sommes peu habitués à traquer les signes des changements et ruptures tels qu’ils se figeraient dans la pierre. Et pourtant, la matière est riche de ces concrétions monumentales et minérales qui sont autant de concrétisations tangibles du vécu historique des hommes. Quelle que soit la nature des événements marquants auxquels est confronté un groupe, celui-ci produit et fabrique a posteriori des objets concrets de souvenirs qui, la plupart du temps implantés le plus visiblement possible dans l’espace public, sont bien à la fois des traces et des vecteurs de mémoire. Et si nous n’avons pas écrit des lieux de mémoire , c’est par choix et certitude que cette qualité supérieure n’est l’apanage que de ceux qui atteignent à une représentativité symbolique suprême 243 .

Notes
243.

Cf. infra, « La Pierre et les murs », pour une distinction argumentée entre lieux du souvenir, hauts-lieux et lieux de mémoire.