2 – Images fixes et dessins d’art.

relativement fréquents, des expositions photographiques ou de dessins à vocation artistique se tiennent à Grenoble, notamment dans l’immédiat après-guerre 276 , qui présentent un regard postérieur et original sur le conflit. La plupart du temps, elles s’installent pour une durée d’une quinzaine de jours, dans l’espace que la direction des « Nouvelles Galeries » met gracieusement à la disposition des organisateurs.

La presse signale quand l’affluence se fait particulièrement importante. Parfois une « photographie des photographies » accompagne le compte rendu que donnent les journaux du déroulement de l’exposition. Fragile indice, reconnaissons-le. Trop souvent, on ne possède aucune information concrète et accessible sur la codification mémorielle que façonnent des pièces que nous ne pouvons voir. A ce niveau-là, nous sommes donc réduits à des hypothèses.

Ainsi des dessins de Bréhat notamment, d’une incontestable qualité artistique et d’une force d’évocation évidente. Le musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère en possède une quarantaine. Nous-mêmes en avons recensé une trentaine, publiés dans la presse. C’est certes assez pour entamer une analyse d’images. Mais persiste un obstacle majeur : comment savoir si ces dessins ont été massivement vus par la population, influençant ainsi, même a minima, la représentation collective du conflit. Sont-ils des fragments artistiques (et à ce titre séduisants) d’une vision somme toute personnelle de la guerre, ou ont-ils fait leur chemin jusqu’à la mémoire collective ? Ce problème de critique externe du document, il est quasiment impossible de le résoudre car nous ne connaissons pas – sauf l’exception des dessins de presse – la provenance de la majorité de ces œuvres 277 .

Notes
276.

Nous en avons comptabilisé six pour les années 1940 à 1950, puis plus aucune par la suite.

277.

Voir en annexe n° VIII des exemples du talent de Bréhat, qu’on a pu admirer récemment grâce à l’exposition que lui a consacrée la Galerie grenobloise Apia, durant l’hiver 1999-2000.