Chapitre IV
Structurer une réflexion et bâtir une présentation : trois questions pour une démonstration.

L’enrichissement des répertoires de lieux est le seul progrès que la connaissance historique puisse faire ; l’histoire ne pourra jamais donner plus de leçons qu’elle n’en donne présentement, mais elle pourra multiplier encore les questions.
Paul Veyne, Comment on écrit l’histoire 300 .

Le point capital, c’est la démarche de l’historien, qui construit son objet d’étude en élaborant une problématique et en formulant des hyposthèses en même temps qu’il circonscrit son donné documentaire et choisit ses outils d’analyse.
François Bédarida, « La conscience française entre mémoire et savoir » 301 .

Si les passages que nous venons de consacrer aux aspects épistémologiques, méthodologiques et documentaires sont pour nous à ce point essentiels qu’ils s’intègrent à la première place de notre travail, c’est parce que là aussi – là déjà – on fait de l’histoire. Ces mises au point sont surtout destinées à assurer l’assise scientifique d’une démonstration historique qui reste cependant, pour l’essentiel, encore à venir et à mener. Elles nous ont en effet permis de dégager les principaux enjeux de notre recherche, d’en préciser la problématique générale afin d’adopter et d’adapter un questionnement d’ensemble qui soit bien entendu valide mais également viable « au jour le jour ». Il s’agit donc à présent de parvenir à lier la totalité des enjeux de notre recherche, tels que nous venons de les définir, en une étude dont l’économie d’ensemble se structure autour des exigences de pertinence intellectuelle, de logique démonstrative et d’harmonie narrative. Y parvenir, c’est aussi un enjeu à part entière de notre étude.

Notes
300.

Page 153 de l’édition de poche (Le Seuil, collection « Points-Histoire », H 40, 1979).

301.

François Bédarida, « La conscience française entre mémoire et savoir », in Le Monde, numéro du jeudi 19 janvier 1995.