A – La Résistance au combat ou la nécessité mythique (1940-1944).

Laurent Douzou, s’inspirant notamment des écrits de Pascal Copeau 448 , décrit de manière très convaincante le processus de mythification de la Résistance en insistant sur le terme fort de « de bluff » : ‘ « Le bluff fonctionna d’autant plus puissamment que l’activité clandestine était étroitement cloisonnée. Chacun était dépositaire d’une part de la chaîne résistante. Cette répartition des tâches entraîna une distorsion de la réalité et de sa représentation qui ne doit pas être sous-estimée. » ’ De telles attitudes, fondées sur la croyance en la vertu d’action du mythe et du symbole, sont également observables à Grenoble pendant la guerre, qui mettent aux prises deux systèmes de représentation de l’histoire de France.

Notes
448.

Laurent Douzou, contribution au colloque de Caen en mai 1995 déjà citée, « La constitution du mythe de la Résistance », in La France de 1945. Résistances. Retours. Renaissances, Caen, Presses Universitaires de Caen, 1996, p. 76. Laurent Douzou rappelle ces propos de Pascal Copeau, que celui-ci écrivit pour la préface qu’il donna au livre de Fernand Rude paru en 1974 (Libération de Lyon et de sa région, Paris, Hachette, collection « La Libération de la France ») : « De là à mythifier systématiquement, il faut bien prendre garde. La nature et la force de la Résistance sont mythiques ; car les mythes peuvent être action. Le terrorisme consiste, par des moyens appropriés et des actions bien choisies, à bluffer littéralement l’ennemi en faisant planer une menace hors de proportion avec ce qui serait en rase campagne l’affrontement des forces réelles. Alors peut-être vaudra-t-il mieux laisser subsister quelques légendes que de risquer de distordre une vérité plus complexe qui est beaucoup moins dans la consistance concrète de la cause que dans l’infinie complexité abstraite des effets. »