3 – La Résistance ou le mythe de l’Union.

L’union qui fut celle des divers mouvements de Résistance dans la clandestinité est un phénomène sur lequel on insiste énormément à la Libération. On multiplie les prises de position publiques qui assurent que pendant les « années sombres », le but ultime – la libération du territoire – était le même pour tous. Il était imposé par la seule valeur qui puisse transcender assez durablement les oppositions idéologiques et les querelles des partis politiques 486  ; le patriotisme commandait en effet à tous les « vrais patriotes 487  » de prendre les armes pour libérer la France de l’occupant et la délivrer de l’emprise de Vichy... Un tel discours, des dizaines d’articles le reproduisent dans la presse grenobloise à partir du 22 août 1944, martelant cette antienne que, plus que jamais, « l’Union fait la force ».

Dans l’euphorie de la Libération, on entend appliquer à la nouvelle vie inaugurée ce 22 août les mêmes principes fondamentaux qui présidèrent à la vie clandestine et qui, au bout du compte, rendirent possible la victoire.

Et au tout premier rang de ceux-ci, l’union, à laquelle, le 23 août 1944, on attribue tout d’abord une fonction dynamique.

Notes
486.

Dans la préface (p. 3) que Paul Rochas, « secrétaire fédéral de l’Isère et membre du Comité Central du PCF » rédige pour l’ouvrage de Paul Billat, Levés à l’aube de la Résistance dauphinoise. P.C.F.-Front-National-F.T.P.F. dans la Résistance de l’Isère (Sassenage, Éditions les Imprimeurs Réunis, 1978) on lit : « Et puis, faut-il le rappeler ? Ce qui fit la force de la Résistance, ce fut son unité. Nous nous honorons d’avoir tout fait pour cette union, pour rassembler “ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas” […] ».

487.

La formule est de Pierre Fugain.