II – Les associations d’Anciens Combattants et Victimes de Guerre, catégorielles et catégoriques.

On ne peut plus logiquement, on va se rendre compte que les associations foisonnent à partir de l’été 1944. Le terme générique d’« association » vaut d’ailleurs surtout parce qu’il évoque immédiatement la double idée de retrouvailles et de défense d’intérêts communs . En effet, on rencontre autant de « Comités », de « Mouvements », de « Groupes » et de « groupements », d’« amicale », de « sections » et d’« Entraides » que d’ « associations » pour animer la nébuleuse des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. A leur propos, le questionnement pourrait être quasiment infini, tant le monde associatif grenoblois lié à la Deuxième Guerre mondiale est riche et complexe. La question de la définition juridique 556 pourrait être abordée ainsi, par exemple, que celle du mode de recrutement des membres. Entre autres interrogations, celle du passage de l’activité clandestine à la reconnaissance légale par la République et la façon (continuité ou rupture ?) dont fut vécue cette transition par les membres des associations mériterait qu’on s’y attarde plus longuement que ne nous le permet le cadre de cette étude.

Par vocation acteurs privilégiés de mémoire, les associations partagent au moins ce point commun de considérer le monde et leur avenir au travers du passé et de l’histoire. Mais c’est quasiment tout. La vision du conflit dont elles sont porteuses varie en effet fortement en fonction principalement de trois critères : la date de leur création et la « puissance » qu’elles savent développer (notamment numérique, c’est-à-dire le nombre d’adhérents qu’elles comptabilisent) ; leur raison première d’existence, leur justification en quelque sorte, cette expérience du conflit si particulière qu’elle ne permet qu’à quelques choisis de « s’associer » pour perpétuer le souvenir ; l’implication politique publique qu’elles consentent (ou qu’elles ne consentent pas…) aux enjeux du temps, quelle que soit la nature du débat (purement politique, social, mémoriel, etc.).

Notes
556.

Souvent, les associations sont régies par la loi du 13 décembre 1907.