B – Un impératif : gagner les élections.

Il faut d’emblée remarquer qu’en matière de stratégie de l’artifice historique et de son articulation avec le politique, les communistes grenoblois sont très fidèles aux injonctions du Comité Central. Par exemple, les éditoriaux et les articles du Travailleur Alpin sont calqués, parfois mot pour mot, sur ceux que publie à Paris l’organe central du Parti 644 . A Grenoble et dans toute la France, c’est pour pouvoir se présenter comme le meilleur recours politique des républicains que le Parti communiste excipe de son passé et, tout particulièrement, de son action dans la Résistance. S’il n’hésite pas à se prévaloir de cette action, la magnifiant en en grossissant l’importance, contrairement par exemple aux timidités socialistes. De plus, homogène, structuré, actif dès avant la guerre, bien ancré sur tout le territoire, il est plus ancien que le MRP et peut s’appuyer sur une expérience politique plus longue que son principal concurrent.

Ainsi, au cours des deux semaines qui précèdent le 21 octobre 1945, date des élections législatives, Le Travailleur Alpin développe une intense propagande dans le but d’obtenir les meilleurs résultats électoraux possibles. Toute une série d’articles sont alors alternativement publiés sous la plume du docteur Yves Moustieret de José Moullet, les deux principaux éditorialistes du quotidien communiste.

Notes
644.

Sur ce point, lire Gérard Namer, La commémoration en France depuis 1945, Paris, L’Harmattan, collection « Logiques sociales », p. 90.