B – Des événements locaux pour une guerre mondiale.

Après l’exaltation de personnalités emblématiques, une deuxième catégorie est constituée des événements que, dans un but honorifique et pédagogique, on pense être digne de figurer sur les murs de la cité grâce au support des plaques indicatrices : ‘ « Il nous a paru nécessaire, d’autre part, de rappeler aux générations de l’avenir le souvenir de la Libération définitive de notre ville par l’arrivée des Alliés en donnant à la partie du cours Jean Jaurès ’ ‘ qui s’étend du boulevard Joseph Vallier ’ ‘ au Rondeau, le nom de cours de la Libération ’ ‘ 977 ’ ‘ . »

Le souci didactique est là clairement énoncé. Il vise à fêter perpétuellement et à inscrire dans la conscience collective locale l’action libératrice des Alliés, c’est-à-dire des Anglo-américains. Il faut noter cependant que si cette Libération est rendue effective par les Alliés, elle avait commencé avant leur arrivée, puisque – les propos de Marion sont sur ce point révélateurs – leur apparition implique une « Libération définitive ». Dans cette logique de prééminence, on ne manque pas de signaler l’importance du rôle de ceux qui ont commencé, qui ont initié cette œuvre de Libération, Marion ayant soin de préciser que ‘ « nous ne voulons pas oublier les héroïques combattants du Vercors ’ ‘ dont la gloire a été universelle ’ ‘ 978 ’ ‘  » ’. C’est ainsi qu’est alors créée une rue du Vercors, éponyme de l’événement, synonyme de son horreur.

L’hommage rendu aux troupes alliées vient donc après celui rendu aux combattants régionaux. Un certain équilibre est d’ailleurs respecté entre les différents Alliés, et notamment entre Américains et Soviétiques. Ainsi la rue d’Echirolles devient-elle l’avenue de Stalingrad. L’inscription physique du nom de ce grand événement sur les murs grenoblois, le rappel de cette bataille qui a marqué un tournant important dans la guerre, permet d’officialiser en quelque sorte cette filiation à la mémoire révolutionnaire et républicaine dont les fêtes grenobloises en l’honneur de Valmy ont marqué le point d’orgue puisque reliant la bataille de Stalingrad à celle de Valmy, le Conseil municipal décide d’attribuer le nom d’‘ « avenue de Valmy ’ ‘ à l’avenue de Gières ’ ‘ , considérant que deux événements historiques marquaient chacun un arrêt des succès de l’armée allemande : Valmy (1792) et Stalingrad (1943) ’ ‘ 979 ’ ‘  ».

Notes
977.

Ibid., p. 186.

978.

Souligné par nous. Ibid., p. 186.

979.

Ibid., p. 186.