B – L’éviction de la Résistance, des femmes et de certains déportés.

Cette hypertrophie, cette sureprésentation militaire, s’effectue évidemment au détriment d’autres catégories. Bien entendu, on ne peut pas certifier qu’il y eut volonté objective de ségrégation. Mais il est patent que l’espace de la Résistance stricto sensu, entendu dans la pluralité des ses mouvements et réseaux, dans la multiplicité de ses courants politiques, est clos en 1945. De 1948 à 1964, on n’honore plus que cinq « vrais » résistants, vierges de toute appartenance militaire avant-guerre (quatre en 1948 on l’a vu ; un – Roger Guigue – en 1963). Sans que le rapporteur ne prenne la peine de le rappeler, on sait que deux appartiennent au mouvement Combat (Bistési et Veyrat), un à Libération (Sibellas), les deux autres n’ayant pas eu d’appartenance définitive (Ruibet et Guigue). Minorisée, la Résistance est également comme « dépolitisée » 1010 .

Il en va de même de la Déportation. Elle n’était pas représentée en 1944-1945, on le sait. Trois rues seulement porteront, en 1964, le nom de déportés. C’est d’ailleurs dans cette très mince rubrique, créée et close en 1948, que l’on rencontre la seule femme dont le nom figure au panthéon urbain grenoblois, Suzanne Buisson. Ce chiffre dit bien l’absence, suffisamment systématique pour qu’elle ne soit pas involontaire, des combattantes de la sélection municipale grenobloise (Marie Reynoard, elle aussi morte en Déportation n’y trouvera sa place qu’en… 1968). Le parcours de Jean Lebas, également décédé en Déportation, n’est pas, même rapidement, présenté par Givord 1011 . Le troisième Déporté est encore… un militaire, le « commandant Rosan, dit Laval ».

La place faite à la Déportation n’est-elle pas à ce point marginale que l’on puisse conclure à un oubli volontaire ? Oubli que répare partiellement, il est vrai, la décision du 27 juin 1963 proclamant que la ‘ « voie reliant la rue Marcel Peretto ’ ‘ à la rue de Stalingrad ’ ‘ (vingt mètres), voie très importante sur laquelle des permis de construire ont été délivrés dernièrement [sera dénommée] rue des Déportés ’ ‘  ». Cette appellation, dans ce qu’elle a de général, de générique, pourrait faire figure de tardive mais réelle prise de conscience de la spécificité de l’expérience de la Déportation, et par conséquent de sa mémoire. On serait donc là face à une volonté d’honorer dans sa globalité ce phénomène si particulier à la Seconde Guerre mondiale ; Grenoble rattraperait enfin son retard.

Il n’en est cependant rien. Le 18 novembre de la même année, voici le rapport que fait à la Commission plénière du Conseil municipal M. Gallizia.

‘« Par déclaration en date du 27 juin 1963, vous avez décidé que la nouvelle voie reliant la rue Marcel Peretto à la rue de Stalingrad, serait dénommée “rue des Déportés”, en souvenir des déportés de la dernière guerre.
Monsieur le Président de l’Amicale des Résistants du 11 novembre 1943 souhaiterait, pour commémorer le vingtième anniversaire de la manifestation de 1943, qu’une rue soit dénommée non pas “rue des Déportés”, mais “rue des Résistants du 11 novembre 1943”. J’ai l’honneur de vous prier, Mesdames et Messieurs, au nom de votre Commission plénière, de bien vouloir décider que la “rue des Déportés” portera, désormais, le nom “rue des Résistants du 11 novembre 1943”  1012 . »’

Le souci d’illustrer par un exemple local l’horreur concentrationnaire – sans la nommer d’ailleurs, pis, en lui substituant le terme de « Résistance », ce qui revient à lui dénier le droit de posséder son propre nom – ne revient-il pas de manière paradoxale à réduire la portée universelle de sa mémoire au moment précis où l’on certifie vouloir la servir ?

Pour ce qui est du registre politique, déjà absent des engagements résistants, on l’a vu, il est représenté a minima (six occurrences, dont trois pour la seule séance de 1948). Du reste, cette rubrique politique est à considérer dans son acception large, c’est-à-dire en y incluant également les syndicalistes (Charles Michels par exemple, qui, s’il fut bien député communiste de Paris avant d’être fusillé par les Allemands à Châteaubriant, le 22 octobre 1941, est honoré ‘ « pour répondre aux désirs exprimés par les syndicats des cuirs et peaux de Grenoble ’ ‘ 1013 ’ ‘  » ’), et ceux des résistants qui eurent, avant ou après-guerre, un rôle politique important (comme Albert Reynier ou Yves Farge) 1014 . Ces représentants sont en outre des personnalités dont l’envergure est surtout nationale (c’est très net pour quatre d’entre eux : Charles Michels, Suzanne Buisson, Yves Farge choisi en 1954 et qui a connu une ascension de l’échelle la plus provinciale jusqu’au niveau de responsabilité politique national 1015 , enfin Léo Lagrange, en 1956, sur qui nous reviendrons bientôt), voire internationale (si l’on attribue le nom de Roosevelt à l’ancien Boulevard Joseph Vallier, c’est bien en liaison avec le souvenir de la Seconde Guerre mondiale : ‘ « Votre Commission a accepté à l’unanimité de rendre un solennel hommage à la mémoire du grand démocrate et du fervent apôtre de la paix ’ ‘ 1016 ’ ‘  » ’). L’unique « politique » local est d’ailleurs à lui seul une exception : Albert Reynier, ‘ « nommé à la Libération Préfet de l’Isère » ’ est-il en effet un politique, un militaire, un administratif, ou les trois à la fois ?

Evidemment, la question de l’orientation politique de la municipalité mérite d’être posée. Simplement d’ailleurs pour nous permettre de constater que quelle que soit la couleur de l’assemblée communale, celle-ci ne modifie en rien cette donnée de base qui veut justement que le politique soit absent de ses choix. Absent ou en tout cas réduit à un minimum le plus consensuel possible (ce qui ne veut pas dire le plus large, la gauche l’emportant plus qu’aisément, même il s’agit d’une gauche « respectable », de députés 1017 ).

Que dire enfin de ces occurrences que l’on a choisi de rattacher à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale mais qui apparaissent à la fois très ponctuelles (trois cas en trois séances diffférentes, le 16 novembre 1956, le 8 novembre 1957, le 25 janvier 1963 et enfin un quatrième, qui pose encore plus problème), et un brin trop « marginales » pour qu’on les considère comme des choix explicitement dédiées à cette période ? Ce n’est en effet pas directement son engagement dans la guerre de 1940 qui justifie le choix du nom de Léo Lagrange pour figurer sur les murs de Grenoble. Mais c’est bien par là que commence Ravier-Piquet, le 16 novembre 1956, quand il prend la parole : ‘ « La voie allant de la rue Général Mangin ’ ‘ à la rue de Stalingrad ’ ‘ et longeant au Sud-Ouest le nouveau groupe scolaire porterait le nom de Léo Lagrange, ce jeune avocat dont la brève carrière politique, à laquelle la guerre mit une fin tragique et glorieuse, fut marquée par une importante réalisation en faveur des travailleurs et de la jeunesse […] ’ ‘ 1018 ’ ‘ . »

Le 8 novembre 1957, Ravier-Piquet propose que la ‘ « voie située à l’Est du stade municipal joignant l’avenue de Valmy ’ ‘ au boulevard Général Gallieni ’ ‘ [prenne] le nom de Jemmapes ’ ‘ , en souvenir de la victoire de Dumouriez ’ ‘ sur les Autrichiens, en 1792 ’ ‘ 1019 ’ ‘  ». ’ Valmy, dont on connaît toute la force symbolique, n’est ainsi plus orphelin et la référence à cette autre guerre populaire de libération que fut la guerre révolutionnaire de 1792-1793, modèle de l’armée d’amalgame de 1944-1945, tardivement complétée.

Encore plus anecdotique, au point qu’on hésite à la citer, cette « rue du 140 e RIA », dénommée ainsi du nom d’un important régiment grenoblois. La référence à Grenoble, aux Alpes, aux guerres (Première et Deuxième), est évidente, mais la Résistance n’est évoquée que de très loin.

Enfin, que doit-on penser de ce nom, celui du maire de Grenoble pendant la guerre, Paul Cocat, qui figure au milieu des cinq noms évoquant la Seconde Guerre mondiale dans la séance du 21 mai 1959 ? Les propos du rapporteur, Jarrot, sont assez sibyllins : ‘ « la voie […] pourrait prendre le nom de Paul Cocat, ancien maire de Grenoble, décédé en 1947 ’ ‘ 1020 ’ ‘  ». Il ne s’attarde en rien sur l’action municipale de Cocat, ni pendant, ni avant la guerre. Discret – rappelons cependant que son action n’eut rien de compromettante sous Vichy –, son souvenir est cependant officiellement rappelé.

‘Les ombres cependant, sur la ville épandues, du faîte des maisons descendent dans les rues.
Boileau 1021 .’

Les noms recensés ci-dessus disent assez la fidélité de Grenoble à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Cherchant à travailler et à orienter le volatile sentiment d’appartenance à la communauté municipale, c’est par l’intermédiaire d’un vecteur concret qu’on procède.

De 1944 à 1964, on est bien à la croisée de ces trois logiques qui organisent la toponymie urbaine. La vocation patrimoniale est ainsi clairement affirmée qui vise à ancrer, à insérer dans le long terme historique grenoblois, l’épisode de la Seconde Guerre mondiale, par priorité perçu dans sa dimension « Résistance », jusqu’à en faire l’événement historique le plus présent sur les murs de la ville. La dévolution aux plaques de rues d’une faculté de pédagogie civique (ils sont des outils d’instruction civique) fonctionne à la fois comme une garantie de la pérennité de l’engagement moral de Grenoble et surtout comme un livre à ciel ouvert, immédiatement et éternellement consultable par les citadins/citoyens. Enfin, elles sont une manière de reconnaissance publique – et forcément posthume – que fait la Ville aux plus grands de ses fils, un panthéon municipal, à usage en priorité local.

D’autres pistes seraient bien sûr à creuser, qui permettraient de compléter cette étude.

Tout d’abord, la mémoire de la Deuxième Guerre mondiale, envisagée sous l’angle de la toponymie urbaine, n’est pas définitivement close en 1964, même si l’espace qui lui est attribué est à cette date très largement codifié et structuré. D’autres noms, et des plus importants, vont venir s’ajouter à ceux que nous venons d’évoquer (de Gaulle, Moulin, le 8 mai 45, etc.). Ainsi assiste-t-on à une véritable reviviscence au temps de la municipalité Dubedout, sans que les données structurelles que nous venons de dégager n’en soient modifiées 1022 .

La deuxième remarque concerne les manques, les retards, mais aussi certaines persistances grenobloises. Peu de femmes, on l’a dit. Peu de déportés et parmi ceux-ci aucun « racial », on l’a souligné. Des Juifs, certes, mais pas pour cela même qu’ils sont Juifs, comme le rappelle cette notation, page 185 du registre des délibérations municipales de 1944, à propos de l’action du doyen Gosse : ‘ « Sans s’arrêter aux facilités de camouflage qu’il a procurées à un très grand nombre de jeunes gens ou à des israélites ’ ‘ 1023 ’ ‘ , il convient de signaler la lutte qu’il a menée contre le S.T.O. […]. » ’ C’est là la seule référence explicite à l’antisémitisme et à la politique antijuive qui est faite en vingt ans de délibérations municipales. Sa précocité aurait pu laisser augurer d’un meilleur traitement de la mémoire juive, qui ne vint cependant jamais. Il n’en fut rien. Dès 1945, quand Moulin présente la biographie du « Capitaine Raymond Bank  » et qu’il précise qu’il ‘ « se vit refuser par Vichy ’ ‘ le droit d’exercer sa profession ’ ‘ 1024 ’ ‘  » ’, il ne va pas plus loin et ne précise pas (mais comment dire si l’oubli est volontaire ou pas ?) que Raymond Bank était victime du numerus clausus. De même, quand en 1948 on honore la mémoire de Suzanne Buisson, « morte en déportation », on ne dit pas que, née Lévy, elle est gazée à Auschwitz. Il y a fort à parier que c’est uniquement au titre de son activité au sein du Parti socialiste clandestin qu’elle est choisie par le Conseil municipal.

Il est aussi des délais trop longs pour qu’on n’évoque pas une certaine volonté d’ostracisme. Celui qui semble frapper le Docteur Valois dure longtemps puisque ce n’est qu’en 1966 qu’un petit espace, de surcroît mal délimité, entre la rue de Belgrade, la rue Montorge et le Jardin de Ville, est ainsi baptisé d son patronyme. Doit-on d’ailleurs en l’espèce parler de discrimination ? N’est-ce pas plutôt le fait que, dès la Libération, un buste évoquant les traits du Docteur est placé contre la façade nord de l’église Saint-Louis, en plein cœur de Grenoble, qui empêche, par crainte d’une certaine redondance, la municipalité de donner son nom à une des voies publiques de la ville ? Pourquoi cependant lui avoir préféré, dès 1944, son adjoint, le bavard Jean Pain, dont la langue trop rapide est considérée comme étant à l’origine du déclenchement de la Saint-Barthélémy grenobloise 1025  ?

Enfin, les maquisards sont traités différemment du reste des résistants. Le Vercors est écrasant (un seul autre maquis est honoré en tant que tel à Grenoble : l’Oisans, en 1969). Il est incontestablement à part (très tôt, on l’a dit, une rue du Vercors rappelle de manière directe l’événement). De plus, sa mémoire ne cesse de s’enrichir, au fil de la sélection d’autres noms liés à son histoire (Chabal, en 1961) pour atteindre, au total, dix références, jusqu’à la dernière en date (le chef civil du Vercors, Eugène Chavant 1026 , prête son nom en 1969 à une place-parking du centre ville).

Reste cependant qu’à le considérer de près, ce panthéon local offre une vision de l’épopée de la guerre qui, pour s’articuler premièrement sur la Résistance à travers les résistants (1944-1945), préfère rapidement (1948) ordonner sa nomenclature autour de références-symboles d’une « certaine idée » de la France, organisée à travers la mise en avant de ses soldats, c’est-à-dire des officiers d’une armée entièrement dévouée à l’État.

Grenoble, on l’a longuement évoqué, est la capitale mémorielle de la région. Ce n’est pas une raison pour ne pas s’intéresser à la politique de gestion des voies publiques déployées par les communes de son agglomération. Nous avons mené la même enquête (quoique moins fouillée) dans quelques municipalités limitrophes 1027 . Si l’on s’attarde par exemple sur le cas de ces trois communes importantes, de longue date dirigées par des mairies communistes, que sont Fontaine, Saint-Martin-d’Hères et Echirolles, deux conclusions s’imposent. Notre étude l’a montré, la Résistance à Grenoble a été le fait, avant tout, de militaires, de journalistes, de cadres, de techniciens, de médecins, de commerçants, de fonctionnaires et d’universitaires et non d’employés ou d’ouvriers. Dans les municipalités dirigées par le mouvement ouvrier révolutionnaire, une discrimination dans le sens exactement inverse est opérée, de manière moins forte cependant. En effet, si les FTPF et les membres du Parti communiste ou du Front National occupent dans le panthéon des rues d’Echirolles, Fontaine ou Saint-Martin-d’Hères la place d’honneur, les autres mouvements de Résistance ne sont pas oubliés, bien loin de là.

Un quatrième aspect mérite d’être signalé au moment de conclure. Il ne faut en effet pas majorer à l’excès l’importance de certains choix. Beaucoup répondent d’abord clairement à un souci de faire face au développement urbain de la ville après-guerre. Ainsi, à partir de 1948, de nombreuses voies dont le nom rappelle l’épisode « Seconde Guerre mondiale » sont tout simplement des créations nouvelles ! Le temps des baptêmes/débaptêmes de 1944-1945 est bien révolu et quand on est tenté d’y revenir (en 1948, avec Leclerc et Roosevelt), la population proteste, on l’a vu. La fonction purement urbanistique du choix des plaques indicatrices (re)devient prioritaire. L’année 1948 constitue bien une rupture, qui marque le retour à une vie normale : Grenoble croît et bâtit de nouveau. C’est parce qu’il y a explosion urbaine, nombreuses créations de nouvelles voies, qu’il faut leur attribuer un nom afin de pouvoir les intégrer le plus harmonieusement possible au plan général de la ville.

Connexe de cette préoccupation, l’envie de structurer l’espace urbain en respectant des choix logiques qui compartimentent des zones dédiées à tel ou tel aspect ou phénomène de la Seconde Guerre mondiale. La toponymie est ainsi logiquement indissociable de la topographie (voir plan ci-après). Certains quartiers se spécialisent, jusqu’à devenir des « quartiers-mémoires », les noms de leurs rues traçant de véritables lignes frontières internes à la ville et structurant durablement l’espace politico-culturel de la cité. Le territoire ainsi globalement délimité est bien celui de la Résistance, des résistants grenoblois.

Un dernier point doit être évoqué, celui, déjà entrevu, de la lisibilité concrète, au quotidien, de ces plaques de rues. Jamais (à part quelques exceptions), les noms qui y figurent ne sont référencés clairement au phénomène qui pourtant est à l’origine de leur sélection 1028 . Le déficit d’information est bien sûr le plus important pour les générations les plus jeunes, qui passent en voyant mais sans forcément comprendre, d’autant que rien n’a été fait pour pallier par la pédagogie le fatal décalage chronologique. Visibles, ces plaques le sont. Mais la mémoire que porte cette signalétique est-elle toujours lisible ? Anonymes, Suzanne Buisson, Jean Perrot et Jean Lebas, soixante ans après ? A usage d’abord local, le panthéon municipal grenoblois de la Seconde Guerre mondiale, à la hiérarchie savamment agencée, est-il connu de ceux qui parcourent chaque jour les rues de la cité ? D’ailleurs, serait-ce le cas que ce seul usage du passé ne serait peut-être pas suffisant en soi. Il faut en effet que ces « noms de rue » puissent « aller » dans le présent pour être capable d’actualiser la mémoire qu’ils illustrent, pour espérer déclarer qu’elle est encore vivante, qu’elle a une « âme », qu’elle est ce que Renan appelle « un consentement actuel 1029  ».

Notes
1010.

Un problème de méthode se pose là : pour être considérée comme un critère objectif de sélection, l’appartenance à un mouvement ou à un réseau devrait en toute logique être évoquée dans le rappel biographique que fait le rapporteur en séance. Or, à partir de 1948, ce n’est plus jamais le cas.

1011.

Ni Claude Muller, ni Paul Dreyfus ne disent qui il est précisément. Simplement, Claude Muller précise qu’il est « un jeune héros dauphinois de la Résistance, mort en déportation » ; Grenoble : des rues et des hommes, Grenoble, Dardelet, 1975, non paginé.

1012.

Bulletin Municipal Officiel, 1963, p. 232. De nos jours, cette rue s’appelle « rue des Déportés du 11 novembre 1943 ».

1013.

Bulletin Municipal Officiel 1948, p. 255.

1014.

Se pose de nouveau ici le problème méthodologique du comptage, déjà évoqué, certaines personnalités cumulant les fonctions. C’est en lisant au plus près les motivations du Conseil municipal qu’on peut se rendre mieux compte de la raison première de leur présence au sein du panthéon local.

1015.

« La première voie parallèle à la précédente et joignant le Cours de la Libération au Parc de la Jeunesse et des Sports pourrait prendre le nom d’Yves Farge en hommage à la mémoire de ce grand Résistant que beaucoup de Grenoblois ont connu puisqu’il résida pendant une dizaine d’années dans notre ville. Né en 1899, Yves Farge se lance jeune dans le journalisme et débute à Grenoble en 1919. Il part ensuite à Lyon où il se trouve encore au moment de l’occupation de la zone libre, en 1942. Il fonde alors le mouvement Franc-Tireur et participe sous le nom de Grégoire à l’organisation du maquis du Vercors  ». Bulletin Municipal Officiel, 1954, p. 144. Yves Farge fut un compagnon de route du Parti communiste après avoir été Commissaire de la République pour la région Rhône-Alpes.

1016.

Le projet a beau être approuvé à l’unanimité, il ne sera en fait jamais réalisé. Sans renseignement clair, on peut penser que c’est cette protestation des habitants du Boulevard Vallier, qui, mécontents du changement prévu, l’ont sûrement fait avorter au prétexte de la gène matérielle qu’il aurait occasionnée (changement d’adresses postales, etc.) ; ADI, 6473 W 79. Cela ne fausse cependant pas notre comptabilité, le projet n’étant pas abandonné pour des questions d’opposition politique.

1017.

Au total, la répartition des dénominations selon le discriminant politique, depuis les années de la Libération jusqu’au vingtième anniversaire, avantage largement le mouvement ouvrier réformiste.

1018.

Bulletin Municipal Officiel, 1956, p. 224.

1019.

In Les rues de Grenoble, op. cit., p. 197.

1020.

Bulletin Municipal Officiel, 1959, p. 184. Rappelons cependant que Cocat fut arrêté par la milice en juin 1944.

1021.

Cité par Olivier Ihl, op. cit., p. 9.

1022.

C’est cette municipalité qui rappelle la mémoire d’Aimé Pupin, un des fondateurs locaux de Franc-Tireur et celle de Marie Reynoard, etc.

1023.

Souligné par nous.

1024.

« Il occupait en 1939 le poste de secrétaire général d’un grand quotidien grenoblois » notait un peu plus haut Moulin. Bulletin Municipal Officiel, 1945, p. 5.

1025.

Lire notamment Paul Dreyfus, op. cit., p. 197.

1026.

Qui eut le privilège rare de se voir honoré l’année même de sa mort.

1027.

A propos de la situation de Saint-Egrève, lire le très intéressant fascicule publié par Alfred « Féfé » Rolland, La mémoire des rues, Ville de Saint-Egrève pour l’édition, 1994, 49 p.

1028.

Déjà, en 1991 Robert Filippi, adjoint au maire de Grenoble chargé des affaires militaires, nous disait qu’il se « bat[tait] pour que les plaques de rues soient plus explicites ». Sans succès apparemment. Entrevue du 3 mai 1991.

1029.

Ces termes, Ernest Renan les employait bien sûr à propos de la Nation : « [...] Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses [...] constituent cette âme [...]. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un legs de souvenirs. L’autre est dans le consentement actuel », in Qu’est-ce qu’une Nation ?, conférence prononcée en Sorbonne le 11 mars 1882, Paris, Mille et une nuits, n° 178, 1997, 47 p. (citation page 28), pour l’édition la plus récente. Ce « consentement actuel », c’est ce à quoi que sut satisfaire par exemple la municipalité de Mulhouse qui, dès la Libération, après avoir subi l’annexion allemande et supporté qu’une de ses rues s’appelle « Hitler  » choisit de la « rebaptiser »… « Rue du Sauvage ». Merci à la personne qui travaille à l’accueil de la municipalité de Mulhouse de nous avoir aimablement confirmé cette information.