IV – Le Musée : représentations et enjeux de mémoire.

Les glissements sémantiques successifs qui interviennent dans la dénomination du musée sont significatifs des changements survenus dans la vision que se font les trente-deux membres qui composent le Comité de la période à laquelle ils entendent consacrer un musée. En 1963, il s’agit pour l’IDEM d’un « musée de la Résistance Dauphinoise 1289  ». L’aire géographique est large, historique ou plutôt « patrimoniale » (le Dauphiné, terre de nos ancêtres...). La Déportation n’est ici pas encore évoquée. La même année, mais cette fois-ci pour l’Inspecteur d’Académie Pierre Dubois, on doit parler d’un ‘ « musée de la Résistance et de l’Occupation » ’ car ‘ « il s’agit [...] de sauver de l’oubli le souvenir des heures tragiques et glorieuses ’ ‘ 1290 ’ ‘  ». ’ Pas de délimitation géographique ici (elle est assez évidente pour qu’on n’ait pas besoin de la préciser) mais une référence directe à l’Occupation, entendue dans sa dimension répressive comme le suggère l’expression « heures tragiques ».

Le 23 avril 1966 – date de la Journée nationale du souvenir de la Déportation, ce n’est pas un hasard – on inaugure officiellement le « musée de la Résistance Dauphinoise ». La Déportation figure dans le musée, on l’a dit, sans que cela n’apparaisse cependant clairement dans sa dénomination. Elle est entendue comme historiquement liée à la Résistance, consubstantielle à elle en quelque sorte, mais seconde et même secondaire : elle apparaît comme étant l’ultime répression de la Résistance. Sa dimension antisémite et « génocidaire » par exemple n’est pas même nommée, en tout cas pour elle-même, pour ce qu’elle implique de radicalement différent et à part du processus de Résistance 1291 . Ce n’est ainsi qu’en 1970 que le musée de la Résistance Dauphinoise deviendra officiellement le « musée de la Résistance et de la Déportation » sans plus aucune allusion à la zone géographique concernée 1292 , et sans que la vision de la Déportation qui y est présentée n’ait varié. L’amalgame est toujours pratiqué, les chiffres cités hâtivement très hasardeux 1293 . De plus, cela traduit en négatif une vision « optimiste » de la mémoire de la Déportation puisqu’envers et contre tous les souvenirs douloureux, le récit résistant développé au musée est un récit de l’édification morale qui célèbre la victoire finale du droit contre la force et celle de l’abnégation consciemment consentie contre la tyrannie totalitaire.

L’antisémitisme d’État et ses conséquences ne sont évoqués qu’au titre de la « vie sous l’Occupation », c’est-à-dire mis sur le même plan, pour le visiteur, que les restrictions... Le traitement inconsciemment égalisateur des informations traduit bien, à travers cet exemple précis, l’absence de prise en compte de la spécificité de la Shoah, tant au niveau de sa globalité qu’au niveau des responsabilités françaises et donc locales. Dans le même ordre d’idée, Vichy est expulsé du musée de 1966 1294 . L’« Occupation », c’est l’occupation allemande, étrangère 1295 . C’est sur elle qu’on préfère insister plutôt que sur la Révolution nationale, d’accord en cela avec la vision gaulliste de la guerre qui prévaut largement à l’époque. Les forces de répression française, quand on les évoque, sont d’ailleurs assimilées aux nazis : à Grenoble, on parle des « Waffen SS grenoblois » plutôt que de la milice ou des Francs-Gardes 1296 .

A rebours, la « salle des étrangers » 1297 , en permettant de rendre compte à l’échelle mondiale du phénomène de Résistance, ce qui est clairement original, n’évite pas les enjeux de la guerre froide 1298 . Signalons que la place faite aux partisans soviétiques était très importante. Comme était d’ailleurs évidente la très nette coloration communiste du musée, qui entendait illustrer à l’échelle grenobloise (par le recours à de multiples documents, la plupart cependant d’origine extra locale : lettre de Môquet au matin de son exécution, celles des fusillés de Châteaubriant, « une » de L’Humanité, etc.), le mythe du « Parti des 75000 fusillés ». Elle n’est pas pour surprendre quand on connaît l’influence des sympathisants communistes au sein du Comité, effectivement sureprésentés.

Si le Comité a, au jour le jour, relativement bien fonctionné, sachant faire la part belle (et surtout à peu près égale) aux deux « concurrents » de mémoire que sont les communistes et les gaullistes, il y eut des frictions. Et des clivages se firent bientôt jour, axés autour de ce qui pour certains (pour Doublet notamment) équivalait à une entreprise patentée de réfection idéologique du passé, menée par des communistes présentés comme étant des experts de la manipulation documentaire. Un épisode surtout illustre au plus proche cette thématique des « batailles de mémoire ».

Un problème surgit en effet à quelques jours de l’inauguration du musée, en 1966. Il préoccupe toutes les parties prenantes dans la constitution du musée. Un des documents conservés par les ADI 1299 , que nous citons ici in extenso, révèle quelles sont les fractures mémorielles qui sous-tendent la mémoire grenobloise de la Seconde Guerre mondiale, et qui soudainement, à propos de la création censément unanimiste du musée de la Résistance Dauphinoise, jaillissent en plein jour.

Voici cette ‘ « note à l’attention de Monsieur le préfet ’ ‘ 1300 ’ ‘  » ’ que reçoit Doublet, de la part de son directeur de Cabinet, le 16 avril 1966.

‘« J’ai reçu ce matin M. Avezou à propos de l’inauguration du musée de la Résistance.
Parmi les pièces à exposer figure un historique de la Résistance rédigé par M. Guillard, Directeur d’école en retraite, secrétaire du musée.
M. Guillard fait état en deux lignes d’un appel en date du 10 juillet 1940 de MM. Thorez et Duclos. L’authenticité de ce document est encore très largement discutée par les historiens et il traîne autant de détracteurs que de soutiens. Bref, historiquement parlant, le débat reste encore “ouvert”.
Face aux milieux communistes qui tiennent beaucoup à cette référence, les autres milieux résistants (ceux dont le Président Chavant s’est fait écho) opposent un texte communiste de novembre 1940 où le Général de Gaulle est traité de “pantin” 1301 . Ils estiment que si la référence du texte Thorez–Duclos subsiste, il convient de présenter ce texte immédiatement à côté. Où alors, faire disparaître la référence du texte Thorez-Duclos.
Le Comité pour l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale consulté 1302 n’a pas tranché le problème de l’authenticité, mais s’est borné à confirmer qu’elle était très controversée.
M. Avezou est très contrarié. Il tient beaucoup à votre présence pour l’inauguration et voudrait trouver une solution. Il me suggère de convoquer M. Guillard et de lui demander de supprimer cette référence puisqu’aussi bien la valeur historique n’est pas établie.
J’avoue être très réticent ; l’intéressé est sinon militant, du moins sympathisant communiste. J’ai cru d’autre part comprendre que M. Avezou lui avait déjà tendu des perches en ce sens sans grand succès. Je vois mal quel résultat pratique nous pouvons attendre d’une telle démarche ; je vois par contre clairement l’exploitation qui pourrait en être faite ! Derrière M. Guillard, il y a d’ailleurs une belle équipe (voir liste du Comité en annexe !).
Vous allez incessamment recevoir l’invitation pour l’inauguration. J’aimerais connaître votre sentiment sur l’attitude qu’il convient d’adopter. Je suis bien entendu prêt à recevoir M. Guillard si vous le jugez utile.
J’ai d’autre part demandé à M. Real – sollicité par Dufour – de ne rien faire sans notre accord formel.

Le Sous-préfet, Directeur du Cabinet 1303 . »’

Quel beau face à face, d’une facture pratiquement parfaite, où l’on voit, à l’échelle locale, s’affronter deux camps dont on se demande ce qui pourra les réconcilier tant leurs positions sont figées en une sévère querelle de mémoire ! C’est en fait Guillard qui recule, sans cependant lâcher totalement prise. Le sous-préfet directeur de Cabinet informe en effet le préfet, à moins d’une semaine de l’inauguration, que ‘ « l’appel controversé sera retiré de l’exposition. Seule subsiste une référence en deux lignes dans l’historique ’ ‘ 1304 ’ ‘  » ’. On ne renonce pas à l’appel, on en minore la place dans l’exposition du musée. Ce « repli stratégique » semble suffire au Président des Pionniers du Vercors, pour l’occasion défenseur de la mémoire gaulliste : ‘ « faute d’avoir pu toucher le Président Chavant ’ ‘ , j’ai eu un de ses lieutenants qui était ’ ‘ ’ ‘ en flèche ’ ‘ ’ ‘ 1305 ’ ‘ dans cette affaire. Il m’a assuré qu’il n’y avait donc plus de problème ’ ‘ 1306 ’ ‘  » ’ précise bientôt au préfet son diligent directeur de Cabinet.

Tout est donc bien qui finit bien et Doublet peut prendre sereinement connaissance du programme de l’inauguration qui prévoit entre autres aspects que ‘ « le Comité remet[te] symboliquement le musée à la ville » ’, que ‘ « [...] seul parle à cette occasion M. Guillard ’ ‘ pour une présentation des collections » ’ et qu’‘ « après l’inauguration, un cortège se rend[e] à pied déposer une gerbe au Monument du Docteur Valois ’ ‘  » ’ avant qu’‘ « à 16 h.45, la mairie offre un vin d’honneur au cours duquel M. Estadès ’ ‘ , Vice-Président du Comité remerciera la mairie de son aide ’ ‘ 1307 ’ ‘  ».

Une question demeure cependant, qu’en l’état actuel de la documentation 1308 on ne peut guère trancher : combien d’« affaires » de ce genre, plus graves ou plus anodines, ont-elles incarné à Grenoble l’opposition Communistes/ Gaullistes, ont-elles émaillé le travail du Comité ?

‘Tant que nous nous souvenons, tout est possible 1309 .’

Bien entendu, d’autres interrogations de fond vaudraient qu’on s’attarde plus longuement sur l’histoire du musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble.

L’une de ces questions est de savoir à qui parlent les résistants. A Grenoble, on l’a dit, étant donné son objectif d’emblée pédagogique, on ne peut pas dire que le discours qu’offre le musée en 1966 soit allusif et réservé aux seules personnes qui ont vécu la période, a fortiori aux seuls résistants. Tout au contraire (que cela fonctionne ou pas, et dans quel sens, c’est encore une autre question), le but didactique du musée, loin d’être une simple déclaration d’intention, prouve qu’il a le souci de tous les publics, et peut-être même plus particulièrement de ce public là qui n’a pas connu la guerre 1310 .

Deuxième interrogation, encore plus au cœur de nos préoccupations. La création du musée ne vient-elle pas combler le vide et le manque à gagner mémoriel que représente l’échec des différentes tentatives d’ériger à Grenoble et pour Grenoble, un monument aux morts de la Deuxième Guerre mondiale, comme nous le suggérions au début de cette analyse ? Certainement oui (même si aucune pièce documentaire ne nous en fournit la preuve formelle), car le déficit monumental est sévèrement ressenti par les anciens résistants, d’autant plus fortement qu’au manque d’un monument fédérateur, s’ajoute une multiplicité de lieux du souvenir, chacun plus ou moins connoté politiquement ou socialement, on l’a dit (cf. supra, « La Pierre et les murs »). La tentation est donc grande (et nous y cédons) de voir dans la création du musée une volonté, peut-être inconsciente, de la part des anciens résistants, en cela effectivement unanimes, de prendre en charge leur mémoire ou plutôt leur commémoration institutionnelle, en substituant la fondation du musée à l’érection d’un Monument. Cette hypothèse signifierait – et c’est important pour ce que cela signifie de lien charnel entre les anciens résistants et le musée, « notre musée » comme ils disent 1311 –, que le musée est par le fait devenu un musée/Mémorial, et musée/Mémorial où les vivants continuent d’agir.

Un autre fait essentiel réside dans la constance avec laquelle, durant ces trois années et un peu plus, fut à l’œuvre au musée un clair processus de mythification. La Résistance, nationale et locale, y est présentée sur un mode légendaire, qui cherche moins à montrer et démonter la réalité des résistants qu’à fournir une vision magnifiée (en cela gaullistes et communistes sont parfaitement d’accord, on le sait) de la Résistance. Le phénomène finit parfois par sembler inracontable tellement il apparaît extraordinaire. De temps en temps bien sûr, on « descend » au niveau du cheminement individuel, l’exemplifiant par le récit de la destinée de tel ou tel qu’on veut cependant tellement ériger en exemple de valeur morale absolue qu’il en devient souvent intimidant.

En revanche, contrairement à d’autres musées nés à cette époque, on ne trouve pas à Grenoble de « revanche » du local sur le national, des « sans-grade » sur les très connus. Cela est sûrement du à la structure interne du musée, qui est ambitieuse (parler de toute la guerre et de tous les résistants) et qui contraint à vivre côte à côte, sans réelle différence de traitement, les grandes figures nationales (Jean Moulin) ou internationales (Staline face à Eisenhower !), les chefs locaux( Vallier, Valois, etc.) et aussi les individus moins illustres (les fusillés du cours Berriat, les morts du Vercors).

Reste que « l’ancien » musée de la Résistance de Grenoble, qui voulait surtout fonctionner comme un lieu d’enseignement de l’histoire de la Résistance, fut en même temps un lieu pour la mémoire. Rue Jean-Jacques Rousseau– mais comment faire là la part du pensé et de l’inconscient ? –, une certaine vision du passé – la Résistance comme « dernière chanson de geste des peuples de l’Europe 1312  » –, peu évolutive dans le temps, était à l’œuvre, qui incitait les visiteurs à faire leur l’usage du passé qu’on leur proposait et qui était reproduction et légitimation de la vision gaullo/communiste de la Résistance. En ce sens, si l’histoire de la Résistance et la mémoire de la Résistance ne poursuivaient pas le même but, elles le faisaient – ô paradoxe – dans le même lieu. Le musée, tout à la fois commémoratif et informatif, était « schizophrène ».

Cet ancien musée n’est plus. De 1963-1966 à 1994, il resta cependant actif, implanté (et mal signalé) au cœur du centre historique de Grenoble.

Depuis 1994 1313 , le MRDI, qui en est l’héritier direct, assure une nouvelle mission, c’est-à-dire une autre mission. Son conservateur, Jean-Claude Duclos, le dit sans détours : ‘ « [...] Comparer, donner des repères, restituer, accomplir un travail de ’ ‘ ’ ‘ deuil ’ ‘ ’ ‘ , reconnaître, telles sont, me semble-t-il, les principales missions sociales du musée, tels aussi sont les axes autour desquels ses fonctions de recherche, d’exposition et de conservation doivent être pensées ’ ‘ 1314 ’ ‘ . »

En définitive, cette « mission sociale » n’est-elle pas la marque des musées de la deuxième génération qui, situés au croisement des intervention de nouveaux acteurs (collectivités locales depuis la décentralisation 1315 , historiens en encore plus grand nombre, conservateurs, muséographes, architectes, plasticiens) dont le point commun est de ne pas avoir appartenu à la Résistance, centrent leur discours, en partant bien entendu de la « situation Résistance », autour de la ‘ « défense des droits de l’homme » ’ ‘ 1316 ’ ‘ ’(l’article 3 des statuts de 1964 parlant lui, rappelons-le, de « la Paix », ce qui indique qu’il est un « musée de Guerre pour le Paix ») ? Cette nouvelle hypothèse dit bien ce que la mémoire mise là en scène à de ‘ « tendue vers l’universel et non pas simplement vers le patrimoine de l’État-nation qui s’est formé dans ce milieu ancien-combattant, une mémoire incluant une réflexion, philosophique sur l’ être homme, sur le barbare, sur le mal, sur les règles et les lois de la civilisation ’ ‘ 1317 ’ ‘  » ’. C’est un autre usage de ce passé, situation historique pourtant si spécifique qu’on tente de « conserver » alors que les résistants eux-mêmes sont de moins en moins nombreux, qui s’initie actuellement 1318 .

Mais cette histoire-là, pour intéressante qu’elle soit (le même quadruple questionnement que nous avons adopté pour « l’ancien musée » pourrait la structurer : dates et chronologies ? ; association entre quels acteurs, à quel degré et à quel niveau ? ; langage muséographique ? ; interprétation du passé ?), il serait doublement hors de propos d’en commencer l’écriture ici. Chronologiquement d’abord, nous excéderions trop largement notre période de référence. Et personnellement, nous sommes trop impliqués dans les activités actuelles du musée pour être sûr d’obéir jusqu’au bout aux règles de l’objectivité 1319 .

Simplement veut-on brièvement signaler quelles sont nos interrogations et nos préventions, toutes personnelles évidemment. Pourquoi cette multiplication des musées de la Résistance et de la Déportation, dont peut semble compter après tout les partis pris muséographiques, voire les présupposés idéologiques, puisque l’important, c’est qu’ils augmentent en nombre ? Que dire surtout de la perception général du passé qu’ils promeuvent ? Ce passé, on semble l’éprouver à présent comme un patrimoine plus que comme un héritage, avec ce que cela suppose de perte de sens historique et d’investissement civique. Ce qui prime, c’est d’abord le « récit-spectacle », les raccourcis et les artifices de son mécanisme, qu’on charge, à coups « d’effets », d’abolir la distance qui sépare pourtant irrémédiablement le visiteur de l’événement. Ce qui compte à présent, ce n’est plus tant expliquer que rapprocher. Sans parler de ce que cette pratique peut entraîner de dérives – notamment par la dilution plus ou moins importante de la dimension strictement remémorative au profit d’une conception essentiellement ludique, qui plus est intégrée aux loisirs culturels par l’intermédiaire d’une stratégie du tourisme historique économiquement intéressée...

Ces questions-là, qui concernent moins le MRDI que d’autres structures culturelles locales (cf. infra, notre conclusion générale), méritent aussi, à notre avis, d’être posées.

Notes
1289.

In rapport RG n° 2922, déjà cité.

1290.

Ibidem.

1291.

Lire à ce sujet les premières lignes de l’avant-propos révélateur que donne Jean-Claude Duclos à la publication du MRDI, Mémoires de Déportés. 1943-1995, Éditions Cent Pages, Grenoble, 1995, p. 5.

1292.

Jean Paquet et Jean-Claude Duclos divergent sur cette date, l’un la situant en 1970 (in op. cit., p. 54, note 4), l’autre en 1965 (in op. cit., p. 217). Officiellement, les statuts déposés en préfecture n’ont été modifiés qu’en avril 1978, suite à l’assemblée générale du Comité du 20 avril 1978. Cf. en annexe n° XXXIII ces statuts modifiés.

1293.

A ce sujet, voir la mise en garde de Marie-Hélène Joly, in op. cit., p. 188 : « Tout est mis sur le même plan et on procède à des amalgames hâtifs (déportation politique et déportation raciale, camps de travail et camps d’extermination...) ». Laurent Gervereau pense lui que cette imprécision peut même faciliter (bien évidemment de façon involontaire) les entreprises négationnistes une fois que les derniers témoins auront disparus (in La Déportation et le système concentrationnaire nazi, catalogue d’exposition du musée d’Histoire contemporaine, Paris, 1995. Cité par Marie-Hélène Joly, in op. cit., p. 188.

1294.

Il n’y avait même pas de portrait de Pétain.

1295.

L’article déjà cité du Dauphiné Libéré précise lui que l’exposition qui préfigure le musée a été constituée « afin de montrer aux enfants et de rappeler au public ce que fut le régime nazi et la lutte contre l’occupant » ; là non plus, il n’est nulle part fait mention de Vichy.

1296.

Et sur ce chapitre de la répression, l’ambiance que les portraits des résistants exécutés accrochés aux murs du musée joints à leurs fiches anthropométriques, elles aussi exposés au regard de tous, conféraient à ces lieux, étaient nettement mortifère, voire morbide.

1297.

La salle des « expositions temporaires » étant elle consacrée aux grandes batailles « militaires » françaises, tant extérieures (actions de Normandie Niemen par exemple) qu’intérieures (Glières), plutôt qu’aux aspects monographiques locaux.

1298.

Comme le rappelle Jean Paquet : « [...] à côté des résistances grecque, hollandaise, polonaise, norvégienne, tchécoslovaque... figurent les résistances bulgare, roumaine, hongroise, italienne et surtout la résistance allemande au nazisme, en RFA comme en RDA. » ; in art. cité, p. 56.

1299.

ADI, 4332 W 180.

1300.

Évidemment établie grâce aux Renseignements Généraux.

1301.

« ... à la solde du bloc Anglo-américain » précise le tract, mal photocopié et par conséquent peu identifiable, qui accompagne le dossier.

1302.

Par l’intermédiaire de Guillard, d’une manière très honnête. La réponse d’Henri Michel, après avoir précisé qu’il ne pourra se rendre à l’inauguration du musée, a laquelle il était convié, sans véritablement trancher, émet de très forts doutes sur l’authenticité de ce document : il renvoie notamment à sa thèse de doctorat (Les courants de pensée de la Résistance, précise-t-il), pour de plus amples renseignements.

1303.

ADI, 4332 W 180. Voir en annexe n° XXXIV, la composition du Comité.

1304.

ADI, ibidem.

1305.

Nous n’avons pas pu établir de qui il s’agissait.

1306.

Jacques Loiseau, le très compétent documentaliste du musée, qui a indexé l’ensemble de la collection de l’« ancien » musée (cf. notre mémoire de stage de DEA, op. cit., pour des exemples de ces fiches d’indexation) nous rappelait que l’appel a bien figuré, dans son intégralité, dans le musée de la rue Jean-Jacques Rousseau. Quand a-t-il été remis en place ? Par qui ? Cela, nous ne le savons pas. Reste qu’il était encore en place en 1994.

1307.

« Les parlementaires sont invités à l’ensemble des manifestations qui se poursuivront à 20 h.45 par la présentation à l’amphithéâtre Reymond du film de résistance A travers l’Orage  », précise la note adressée au préfet.

1308.

A moins peut-être d’analyser de près les archives de la frileuse Association des Amis du musée, auxquelles nous n’avons pas eu accès.

1309.

Il s’agit là de la formule de Saint-Exupéry qui sert de devise au musée et qui illustre sa vision du « devoir de mémoire ».

1310.

Pour une estimation du poids des visites, ainsi que de la façon dont elles s’organisèrent, voir Jean Paquet, op. cit., p. 56.

1311.

Marie-Hélène Joly parle d’« un lieu où se retrouver et préparer quelque chose ensemble, un lieu de vie, une maison commune [...]. C’est aussi un lieu de parole, et un lieu de parole libre, contrairement au discours plus contraint que l’on tient devant les monuments [...]. Le musée fournit aussi un auditoire à qui raconter [...]  » ; in op. cit., p. 204-205.

1312.

Cette belle expression, déjà rappelée par nous, est de François Bédarida ; « Images de la Résistance », in 1938-1948. Les années de tourmente. De Munich à Prague. Dictionnaire critique. Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), Paris, Flammarion, 1995, p. 967.

1313.

Le musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère fut inauguré au plus fort du millésime 1994, date du cinquantenaire de la Libération du territoire.

1314.

In colloque de Saint-Denis, op. cit., p. 229-230 et 232.

1315.

Le musée est départementalisé depuis le 1er juillet 1994.

1316.

On peut lire à ce propos l’article de Patrick Frances, in Le Monde, 1er octobre 1998, p. 16

1317.

Alain Brossat, in Libération, fête folle. 6 juin 44 – 8 mai 45 : mythes et rites ou le grand théâtre des passions populaires, Paris, Autrement, série « Mémoires », 1994, page 54.

1318.

Certains parmi les anciens résistants se sont sentis comme dépossédés du musée, à partir de 1994. On peut ici partager certaines des préventions qu’expriment Régis Debray, notamment dans A demain de Gaulle, quand il écrit que ce dernier « avait le mal de l’histoire. Nous avons le “mal du musée”. A défaut d’une esthétique, l’époque a inventé la “muséologie”, et nos raffinements sémiologiques compensent l’affaiblissement des signes » ; lire notamment les pages 72 à 74.

1319.

Depuis plusieurs années, nous partageons avec notre ami Gil Emprin, la fonction de chargé du service éducatif du musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère. Nous avons élaboré le dossier pédagogique qui permet aux enseignants de guider leurs élèves au sein de l’exposition permanente. Nous animons ensemble, chaque année, dans les locaux du musée, un stage de trois jours destiné aux enseignants du secondaire (« Comment enseigner la Deuxième Guerre mondiale au musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère? ») et nous contribuons, pour notre modeste part, au dossier pédagogique ainsi que, la plupart du temps, au catalogue scientifique qui accompagnent l’exposition temporaire annuelle. Nous participons également à l’ensemble des nombreuses activités culturelles du MRDI.