C – Lucien Voitrin ou le dernier martyr de la Résistance.

Alors même qu’il tente de minorer la qualité de résistant de De Gaulle, le Parti communiste grenoblois essaie en revanche de brosser de la victime le portrait d’un parfait résistant. Interdisant à de Gaulle de se servir dans la sphère politique de son soi-disant statut de Premier résistant de France, puis lui déniant absolument cette qualité avant de l’accuser au contraire d’avoir été le fossoyeur conscient de la Résistance, le Parti communiste grenoblois n’hésite pas, en retour, à construire une véritable légende autour du nom de Lucien Voitrin, devenu son porte-drapeau.

Le Parti est cependant obligé de forcer un petit peu la vérité pour que Voitrinpuisse s’intégrer dans le moule archétypal du héros cher à l’imagerie communiste de cette époque 1362 .

Notes
1362.

Sur l’extrême importance des deux mythes complémentaires de l’Ouvrier et du Résistant dans l’imaginaire communiste de l’après-guerre, on doit impérativement consulter : Marc Lazar, « Damné de la terre et homme de marbre. L’ouvrier dans l’imaginaire du PCF du milieu des années 1930 à la fin des années 1950 », in Annales ESC, n° 5, 1987, p. 1071-1096.