1 – Réhabiliter.

La première étape consiste, pour Le Travailleur Alpin et Les Allobroges, à nier purement et simplement ce fait ô combien gênant : l’appartenance de Voitrinà la milice et au PPF. Les Allobroges veut rétablir une vérité selon lui biaisée :« on a tout dit de lui, on a dit qu’il était milicien. En fait, convoqué pour aller au S.T.O., il rejoignit aussitôt le troisième bataillon des F.T.P.F. ’ ‘ 1363 ’ ‘ . » ’ Sa traduction en cours de justice est alors qualifiée de ‘ « curieuse erreur [...], d’étrange instruction ’ ‘ 1364 ’ ‘  » ’. Le responsable des maquis de Chartreuse qui fait son éloge funèbre lors de ses obsèques, et dont Les Allobroges reproduisent l’essentiel de son allocution le 20 septembre, après s’être étonné des incompétences de la justice, finit par conclure de manière révélatrice : ‘ « [...] toujours est-il que Voitrin fut acquitté ’ ‘ 1365 ’ ‘  » ’. Évidemment, le camp d’en face n’a pas manqué de faire ses délices de la trajectoire pour le moins hésitante de Voitrin 1366 . Si Le Réveil reste fidèle à sa ligne de modération, Le Dauphiné Libéré y va de ses commentaires les plus acerbes, provoquant cette vive répartie de la part des Allobroges, le 24 septembre 1948, puisque selon ce dernier, son concurrent, en farfouillant de la sorte dans le passé du défunt, a en fait ‘ « cherché à diminuer l’horreur du crime [...], à trouver des excuses aux assassins ».

Notes
1363.

Les Allobroges, numéro du 20 septembre 1948, 2ème page.

1364.

Le Travailleur alpin, numéro du 25 septembre 1948, 2ème page.

1365.

Ibidem.

1366.

Les Allobroges du 8 février 1945, dans le compte rendu qu’il donne des affaires jugées la veille par la cour de Justice de l’Isère, rappelait pourtant que Lucien Voitrin n’a rejoint le maquis que le 2 mai 1944, après avoir adhéré au PPF et à la milice. Il participa ensuite aux batailles de Gières, Lyon et Briançon. L’article finit par ces mots : « Tous deux [Voitrin est jugé en même temps qu’une certain H. Bonnoit ] avaient fini par comprendre où était leur devoir. Ils sont acquittés ».