Bien entendu, le Parti communiste entend bien tirer les leçons politiques de la mort de Voitrin. Buisson, lors de ses obsèques, demande ainsi ‘ « si son corps signifie que nous perdons nos libertés, et que nous menace, à nouveau, la dictature fasciste ? » ’ Heureusement‘ , « l’intimidation ne prend pas à Grenoble. A Grenoble, ce qui compte, c’est la conviction en la justice et le sentiment de la liberté. Ce qui compte, c’est ce qui fait qu’aujourd’hui Lucien Voitrin ’ ‘ est un héros ’ ‘ 1372 ’ ‘ ». ’
En suivant justement l’exemple de ce héros mort pour une juste cause, il faut alors que ‘ « partout les Républicains, les Résistants, s’unissent et fassent un puissant barrage face au fondateur du R.P.F. et à ceux qui le soutiennent ; à cette condition seulement le sacrifice de Lucien Voitrin ’ ‘ ’ ‘ n’aura pas été vain... » ’ . Le vocabulaire, le style, le ton du discours de Buisson sont exactement les mêmes que ceux qui fleurissaient quatre ans plus tôt pour célébrer la mémoire des résistants tombés contre les Allemands et les Vichystes !
Le Parti communiste pousse encore plus loin son avantage et tente de profiter de l’occasion pour grossir les rangs de ses adhérents puisqu’il décide en effet de créer une ‘ « promotion René Thomas ’ ‘ ’ ‘ et du 18 septembre », pour « unir notre camarade tué par les alliés en 1944 à un autre combattant tombé quatre ans plus tard, frappé par une balle des S.S. de l’apprenti dictateur ». ’
Le Travailleur alpin, numéro du 25 septembre 1948, 2ème page.