La réplique ne se fait évidemment pas attendre de la part des gaullistes. A Grenoble, ils diffusent par exemple des tracts à la tonalité plus que vindicative, mais dont on saisit bien qu’ils comportent aussi une dimension de justification.
La lutte est à présent clairement engagée sur le terrain de l’histoire, qui transforme de part et d’autre le Vercors en un enjeu de mémoire politique. Elle culmine en septembre 1948, épisode que l’on a déjà longuement évoqué. On se souvient que de Gaulle, rapidement de passage (enfin !) sur le plateau, traita par le mépris les allégations portées contre lui 1515 .
De Gaulle devait se rendre dans la Drôme, mais annule ce déplacement et ne parcourt que le Vercors isérois, oubliant Vassieux et ses martyrs civils pour se concentrer sur Villard-de-Lans et Saint-Nizier et donc sur les combats. Il y est le 18 septembre. Dans une courte allocution à Villard, il ne s’étend guère, se contentant de « mépriser ceux qui tentent de faire de la démagogie avec nos morts » et d’insister sur la valeur militaire pédagogique du Vercors qui prouverait selon lui que « la Résistance était capable de combattre, de tenir le terrain et de lier son action à celle de l’immense bataille qui se déroulait dans le monde » ; in Le Réveil, numéro du 20 septembre 1948, 1ère et 2ème p. Le 7 octobre, de Gaulle et Chavant, dans un contexte largement dépasionné, déposeront ensmble une gerbe à la nécropole de Saint-Nizier.