3 – 1947-1950 : les livres de mémoire.

Au plus fort de la polémique mémorielle, paraissent deux livres qui, fait nouveau, marquent chacun nettement leur préférence mémorielle. Le premier est celui que présente, en 1948, l’Association Nationale des Anciens Combattants des F.F.I.-F.T.P.F. Sa thèse est limpide et cherche à reprendre à l’échelle locale, en faisant parler des gens simples, les accusations de trahison lancées à l’automne depuis Paris, sur un ton cependant moins virulent 1564 .

A la fois beaucoup plus mesuré (on n’y remarque aucune prise de position politique) et aussi plus « spécialisé », le livre de trente-deux pages que le chanoine Jacques Douillet publie en 1950 est unique en son genre. L’opuscule est tout entier dédié à présenter la vision catholique du drame du Vercors. Il s’agit en fait d’une illustration sur papier du chemin de croix de Valchevrière inauguré en septembre 1948 par... Monseigneur Caillot. La dévotion, la piété et le culte des morts fournissent les axes de la comparaison qu’établit le chanoine entre le calvaire de la Résistance et celui qu’a enduré le Christ avant sa crucifixion : ‘ « Avant même que les stations fussent construites, en septembre 1944, plus de 500 personnes avaient escorté, sous une pluie battante, les hommes qui portaient une lourde croix de bois depuis le Villard jusqu’à la Chapelle de Valchevrière, où une messe fut célébrée. C’était le 17 septembre. Le terrain venait à peine d’être déminé ’ ‘ 1565 ’ ‘ . »

Peut-être que ce qui marque le plus ces années, c’est l’absence d’un ouvrage gaulliste. Aucune réponse en effet n’est donnée au livre du Parti communiste, comme si le terrain de la polémique était de préférence réservé aux échanges d’articles de la presse écrite.

Notes
1564.

Voir en annexe n° XVII la liste de ces habitants du plateau convoqués pour soutenir la thèse défendue par Grenier, et leurs témoignages.

1565.

Chanoine Jacques Douillet, Valchevrière . Le chemin de Croix du Vercors, Paris, Éditions Prisma, 1950, sans pagination, Bibliothèque d’Étude de Grenoble, V 17668.