4 – 1950-1964 : un long silence et un livre-phare.

La production chute dans les quinze ans qui suivent, pour atteindre son étiage le plus bas. Mais si seulement deux ouvrages paraissent en près de quinze ans à propos du Vercors 1566 , le livre que publie Alain Prévost en 1956 fait à lui seul événement. D’abord, il est dû à la belle plume du fils de l’écrivain mort à Sassenage, à qui l’on s’apprête à rendre un hommage national : c’est dire si ces pages sont autorisées. Ensuite, la forme qu’adopte Le peuple impopulaire est celle d’un roman où des lecteurs avisés peuvent aisément reconnaître, derrière tel ou tel nom de personnage, d’authentiques acteurs et surtout la figure légendaire de Jean Prévost 1567 . Surtout (le titre du roman le laisse d’ailleurs augurer), il accrédite auprès du grand public la thèse de la trahison, comme le suggère d’emblée la quatrième de couverture ( ‘ « Alain Prévost ’ ‘ est de ceux qui pensent que le Vercors a été abandonné par Londres et Alger ’ ‘ à une aventure qui devenait absurde et tombait dans la pire fatalité [...] », ’ extrait de la critique d’André Rousseaux parue dans Le Figaro littéraire). Le poids donné à cette version pèse d’autant plus lourd qu’Alain Prévost n’est pas communiste et que le livre est bien accueilli par l’ensemble de la critique 1568 . Mais les pages les plus dures 1569 sont finalement nuancées par les dernières phrases du livre, où on comprend in extremis que, quoi qu’il en soit de la polémique, le Vercors fut et reste une belle aventure : ‘ « Il les enviait [les morts du Vercors]. C’était sa seule bouffée d’air, de les envier. Les mauvais jours, il enviait même sa tombe à son père. Car mort, il restait libre, au pied des Trois-Pucelles, allongé dans l’herbe, au creux des rochers ’ ‘ 1570 ’ ‘ . »

Roman de l’ambiguïté, le livre d’Alain Prévost est au bout du compte à l’image de la perception globale de l’épisode du Vercors puisqu’il balance constamment entre le « drame », la « tragédie », la « trahison » et l’« épopée ».

En 1964, quand se déroulent les cérémonies commémoratives du vingtième anniversaire des combats du Vercors, il semble que la polémique soit totalement retombée. Du côté gaulliste, on s’apprête, en panthéonisant Jean Moulin, à atteindre un point d’orgue mémoriel incomparable. En face, le Parti communiste campe certes sur ses positions, mais la série d’articles que publie L’Humanité entre le 31 mai et le 1er juin ne parvient pas à faire se rouvrir le débat 1571 .

Mais si l’affrontement direct n’est plus de mise, il est certain que l’image globale du Vercors est définitivement marquée par la controverse mémorielle qui a marqué les années 1947-1950. Peut-être même peut-on évoquer l’hypothèse qu’en plus de la double image d’un Bir-Hakeim de la Résistance intérieure et d’un Oradour alpin, s’ajoute celle d’une épopée « à scandale ». Le massif posséderait donc une triple face légendaire : celle du combat , du martyre , et de la trahison , toujours en question pour celle-ci. Cette dernière composante est à notre avis d’autant plus importante que c’est elle qui, rendant plus complexe l’image du Vercors, en brouille finalement la netteté. Encore de nos jours, il n’est d’ailleurs pas certain qu’elle se soit entièrement dissipée : pour beaucoup et pendant longtemps, le Vercors fut justement un objet de polémique historique, aux relents de scandale presque, en cela qu’il posait une question que beaucoup d’auteurs ont complaisamment abordé : le maquis a-t-il été trahi (ou, version édulcorée de la thèse de la trahison, en tout cas abandonné) ?

Il serait évidemment intéressant de poursuivre l’évaluation du fonctionnement de cette triple représentation sur le long terme, jusqu’à nos jours. Et même si c’est un autre travail, qui répond sûrement à d’autres impératifs méthodologiques 1572 , on peut tenter de proposer ici trois premières indications.

Tout d’abord, à partir de cette date butoir de 1964, et surtout après 1968, la production éditoriale va marquer un net infléchissement. Elle s’oriente résolument vers un traitement « historien » de l’épisode du Vercors. Celui-ci est aidé dans sa démarche d’objectivité par le fait que les années soixante-dix permettent et de rompre avec l’emprise mémorielle gaullienne et de s’affranchir des volontés de monopole communiste 1573 . Les ouvrages de Paul Dreyfus permettent les premiers cette vision d’ensemble, à la fois dépassionnée et réaliste, et qui manquait, malgré les efforts de Pierre Tanant 1574 . Celui de Pierre Dalloz est indispensable quand on connaît l’importance du rôle de son auteur 1575 et suit de quelques années à peine la tenue d’un important colloque, sous la direction de Pierre Bolle, en présence d’historiens et d’acteurs/témoins 1576 . Enfin, certains livres – à côté des chroniques et journaux plus classiques – renouent avec la polémique, mais en en renversant le sens, absolvant Alger pour mieux porter le doigt sur les dissensions entre civils et militaires internes au commandement du maquis 1577 . L’image du Vercors en sort certes éclatée, mais la novation de ces révélations permet de sortir du mythe à présent un brin vieilli d’un Vercors indissolublement uni. A noter qu’on est là dans le début des années soixante-dix et que, le Vercors n’échappant pas plus que l’ensemble de la Résistance à l’effet conjugué de l’atmosphère « briseuse de tabous » de l’après-68, de la mort du général, de la sortie sur les écrans du Chagrin et la Pitié, et aussi de la parution de La France de Vichy 1578 , c’est la confirmation qu’il est un objet de mémoire qui obéit en premier lieu aux rythmes de la mémoire nationale de la Deuxième Guerre mondiale.

Mais dans ces années-là, toute forme de discussion au sujet de la mémoire du Vercors n’est pas achevée. La polémique gaullistes/communistes étant désormais caduque, il en est d’autres qui apparaissent, notamment à propos de l’érection d’un mémorial unique du Vercors 1579 . La discussion « technique » qui a lieu au printemps 1972 entre René Bousquet 1580 , porte-parole des Pionniers, les initiateurs du projet, et Pierre Dalloz, est révélatrice d’un problème de fond : comment espérer parvenir à égaler par l’entremise d’un monument la force d’évocation que le massif possède en lui-même ? La question n’est même plus tant de savoir si l’on préfère en 1972 le versant Bir-Hakeim au versant Oradour, mais plutôt si l’on peut se permettre de toucher au Vercors, au risque d’en affadir la puissance monumentale naturelle. Comment mieux résumer cette opposition entre « constructeurs » et « conservateurs » qu’en citant la lettre qu’adresse le 17 avril Dalloz à Bousquet 1581 .

Objet de mémoires plurielles, le Vercors n’est donc pas un lieu de mémoire facile à installer sur le terrain concret de sa représentation monumentale.

C’est pourtant ce que vingt ans après cet échec 1582 , tente de mettre en place le Mémorial de la Résistance qui surplombe la plaine de Vassieux depuis le col de La Chau. Inauguré le 21 juillet 1994 par le premier ministre Édouard Balladur 1583 , le Mémorial est en fait l’étape centrale d’un itinéraire qui incite le visiteur à découvrir les ‘ « dix lieux de Mémoire [qui] constituent le parcours du Site National Historique de la Résistance en Vercors ’ ‘ 1584 ’ ‘  » ’. Le fait d’avoir très modestement participé à certains travaux préparatoires autour de l’inauguration du Mémorial et du Site en général 1585 ne doit pas nous empêcher d’en signaler les trois plus graves défauts.

L’ampleur du projet d’abord, dont le budget pose d’emblée la question de la disproportion entre le but poursuivi et les moyens mis en œuvre. Comme l’écrit un lecteur grenoblois du Monde le 23 janvier 1993, en réaction à l’article minutieux que le quotidien a publié le 16 sur le Vercors 1586  : ‘ « Pourquoi dépenser 25 millions de francs pour commémorer la Résistance alors que le musée de Champigny ’ ‘ est désert, et qu’il serait préférable de renforcer l’unité française et européenne au lieu de flatter les corporatismes chauvins ? Devant une histoire aussi tragique, l’humilité, la pitié, ne sont-elles pas plus indiquées ? »

L’intrusion soudaine d’un tourisme « guerrier » de masse pose en outre problème. Car il est clair que, sachant manier avec subtilité le thème du « devoir de mémoire », la démarche du Parc se situe à cheval entre Histoire, Mémoire et... Tourisme, ce dernier terme devant être entendu également dans son acception économico-financière. Or, la dimension éthique et morale qui auréole depuis plus de cinquante ans le Vercors a du mal à s’accommoder d’une logique disons « marchande » ; ou alors, il faudrait pouvoir déployer des trésors de pédagogie.

C’est là justement qu’une troisième fois le Mémorial pêche à notre avis sévèrement. La scénographie mise en place par Jean-Pierre Laurent est à la fois trop « moderne » et trop « absconse ». Faisant siens les nouveaux parti pris scénographiques de la décennie, pour lesquels l’objet doit être le plus rare possible afin qu’ainsi lui soit lui conféré un surcroît de représentativité, bannissant le texte parce que sa lecture risque de décourager le visiteur, l’architecture du bâtiment elle-même intégrée à ce que l’on cherche à représenter, le Mémorial du col de Lachaufabrique de l’émotion. D’où vient alors que « ça ne prenne pas » 1587  ? Parce que les visiteurs perçoivent l’aspect un brin « racoleur » de certaines scènes 1588  ? Ou parce qu’ils sont confrontés à une mise en scène de la mémoire du Vercors sans en connaître l’histoire ? Ou alors parce que l’artifice esthétisant de certaines salles (celle de la maquette par exemple) provoque un effet gênant de décalage, à force justement d’artifice ? Le Mémorial (dans la construction duquel on sent l’influence de celui de Caen...) n’est certes pas un musée et il n’a pas à ce titre vocation à expliquer. Mais le déficit d’information historique ne peut être supplée par « l’assénement » d’une émotivité calibrée et formatée par des considérations d’abord d’ordre scénographiques. Le référent à l’histoire, quand il est insuffisant, garantit malheureusement et obligatoirement un mauvais traitement de la mémoire.

Et pour beaucoup dans la région, le Parc du Vercors, en se dotant de telles infrastructures mémorielles n’a pas été fidèle à la mémoire du maquis, négligeant d’associer ou d’intégrer le travail des anciens, tel que Joseph La Picirella par exemple 1589 . A notre avis (on n’ose imaginer ce qu’aurait dit un Pierre Dalloz...), rattrapé ainsi par les professionnels de la mémoire qui le transforment en enjeu de pouvoir, le Vercors n’a pas forcément gagné au change et s’est même un brin déréalisé. Est-il un « paysage-histoire », comme parlait Julien Gracq 1590 ou s’est il mué en « paysage-mémoire », avec ce que cela peut éventuellement signifier d’artificialité ?

Au bout du compte, de quoi le Vercors, présenté par le mémorial du col de Lachau, est-il de nos jours emblématique ? Voici ce que disait le maître d’œuvre Jean-Pierre Laurent à Régis Guyotat en janvier 1993.

‘« Nous ne voulons pas faire un lieu du pardon. Mais nous ne voulons pas non plus donner des gages à la haine [...]. Nous voudrions montrer le cheminement de l’homme traqué, le terroriste, et de celui qui le traque. Le maquis fait du civil non pas un soldat, mais un homme de combat, capable d’héroïsme, sans que cela soit obligatoire. La haine et le goût du massacre, ce sont des choses que nous portons en nous-mêmes. Nous pouvons nous-mêmes nous trouver en état de tortionnaires sans l’avoir voulu. L’homme est à la fois ombre et lumière, capable du meilleur comme du pire. Le massacre de Vassieux a été opéré par des troupes dites normales, qui faisaient du nettoyage. Nous aussi, nous avons eu les nôtres en Algérie, et les Américains au Vietnam, et les comportements n’ont pas été meilleurs. Au fond de nous-mêmes, nous avons la capacité d’être le maquis et d’être aussi l’anti-maquis 1591 . »’

Sans pouvoir tabler sur aucune certitude, puisque cette étude reste à mener, on peut cependant se risquer à avancer que le Vercors, avec ce Mémorial, est revenu en arrière, c’est-à-dire a replongé dans le mythe. Qu’Aragon ait écrit dans l’immédiat après-guerre ‘ « Roland ’ ‘ sonne du cor/C’est le temps des héros qui renaît au Vercors » ’ était non seulement logique chronologiquement mais aussi indispensable symboliquement. Que le Mémorial, plus de cinquante ans après, se contente de renouer grosso modo avec cette vision, les moyens techniques en plus et lui ajoutant une touche d’égalitarisme moral (nous sommes tous des salauds potentiels semble dire le scénographe...), voire de confusionnisme historique (Vercors = Algérie = Vietnam), n’est-ce pas en fait un recul mémoriel 1592  ?

Notes
1566.

Nous n’avons pas pu nous procurer Mon Vercors en feu, de Paul-Jacques Bonzon, publié en 1957 (Parsi, SUDEL) ; l’auteur est spécialisé dans les ouvrages pour la jeunesse.

1567.

La « lettre-postface de Vercors  » (Jean Bruller) que publie Alain Prévost en fin d’ouvrage fait astucieusement le point sur cette habile ambiguïté : « Donc, vous n’empêcherez pas que maint lecteur se demande qui est Michel, ou qui est cet autre, celle-ci ou celle-là. Et Jean Prévost étant mort au maquis après la bataille du Vercors, et Michel y mourant aussi (dans une sorte d’héroïque suicide), et Michel étant le père du jeune Étienne comme Jean Prévost était le vôtre, c’est donc que l’un et l’autre sont la même personne, et donc que Jean Prévost était lui aussi le héros fatigué que vous avez peint, las de tout, désespéré, et qu’il n’a pas péri dans une embuscade sous les balles de l’ennemi, mais qu’il s’est donné volontairement la mort pour échapper au dégoût de soi et de la vie » ; in Le peuple impopulaire,Paris, Le Seuil, 1956, p. 252.

1568.

Claude Roy, pour Libération, écrit : « Le peuple impopulaire est un beau livre, sobre, violent. A travers les épisodes du livre, un réquisitoire se développe. La juste passion qui s’y exprime ne fausse jamais la vérité des traits, la justesse et la justice du regard » ; cf. la quatrième de couverture du roman.

1569.

Lire notamment les pages 179-180, qui racontent l’épisode du fameux télégramme à Alger : « Une voix lourde relut le télégramme dans la pièce voisine. Etienne en fut saisi comme d’un cauchemar, comme de l’annonce officielle d’une mort. Alger... Londres... De Gaulle ... tous ? Tous ces noms magnifiques ? Des criminels et des lâches. Son estomac se creusait, la peur lui tailladait le dos. Mais alors avec Vichy , les Allemands, Londres, Alger, où aller ? Il n’y avait donc rien ? Plus rien que ces montagnes et les hommes du maquis ? »

1570.

Ibidem, p. 250. 

1571.

Les trois articles s’intitulent « La tragédie du Vercors  », le 31 mai ; « Il y a vingt ans, le Vercors se soulevait et tombait trahi », et « Toujours le Vercors les accablera » (le 1er juin). Il suivent la diffusion à la télévision d’une émission de Frédéric Rossif et Jacques Perrot, « La bataille du Vercors ». A noter que ces articles sont surtout composés d’extraits du livre de Fernand Grenier (C’était ainsi...(souvenirs),Paris, Éditions sociales, 1959, 228 p.) et que le journal recommande également la lecture de l’ouvrage d’Alain Prévost, Le peuple impopulaire.

1572.

Si l’histoire orale ne s’est guère intéressée au Vercors, notre amie Jeannie Bauvois a montré qu’il y a là un formidable champ d’enquête. Lire, sous sa direction, la récolte de témoignages qu’ont effectué les élèves du club-histoire du Lycée Jean Prévost de Villard-de-Lans, Un siècle, un hiver, Parc régional du Vercors, 1982.

1573.

De Gaulle meurt en 1970. L’influence du Parti, déjà depuis 1956, mais surtout à la suite du « coup de Prague » de 1968, est lui en net recul.

1574.

Cf. supra, pour la présentation de ses travaux.

1575.

Pierre Dalloz, Vérités sur le drame du Vercors, Paris, Fernand Lanore, 1979, 353 p.

1576.

Op. cit.

1577.

C’est le cas notamment de l’ouvrage de Gilbert Joseph, Combattant du Vercors, Paris, Fayard, 1972, 331 p. (réédition Curandera, 1994). Lire également la lettre (« Le Vercors et les officiers d’active ») publiée par Le Monde, le 20 février 1993, p. 28, par Aymé Roudil, qui habite Grenoble : texte en annexe n° XVIII.

1578.

1971 pour le Chagrin... et 1973 pour le livre de Robert O. Paxton.

1579.

Différent en cela des projets de 1946 qui, parlant de mémorial, entendait en fait multiplier les cimetières et les monuments.

1580.

René Bousquet, dit Chabert, fut le commandant et chef départemental des FFI, avant d’être l’adjoint de Huet dans le Vercors.

1581.

ADI, 89 J 4, « Fonds Dalloz ».

1582.

Le projet dont parlent Dalloz et Bousquet sera arrêté pour des raisons financières. L’exemple du Vercors illustre bien la chronologie « monumentale » établie par Thierry Dufrêne, à savoir que se succèdent une phase initiale (nécropoles comme celle de Saint-Nizier), juste après-guerre ; une phase symbolique dans les années 60-70 et une phase pédagogique, au cours des deux dernières décennies ; lire « Mémoires de la Résistance et Monuments de la déportation en Rhône-Alpes », in actes du colloque d’Annecy, « L’esprit des lieux. Le patrimoine et la Cité », publié par les Presses Universitaires de Grenoble en 1997 dans la collection « La Pierre et l’écrit », p. 366 notamment.

1583.

François Mitterrand, hospitalisé, n’a pas pu se rendre à l’inauguration, déléguant son premier ministre RPR. Lire, in Le Monde daté du 22 juillet 1994, « Histoire. Le cinquantième anniversaire de l’écrasement du maquis du Vercors par les Allemands ».

1584.

Brochure d’informations, Site National de la Résistance en Vercors, éditée par le Parc Naturel Régional du Vercors, p. 3. Les dix sites baptisés « lieux de mémoire » sont les suivants : « mémorial de la résistance, au col de Lachau , village de Vassieux-en-Vercors, monument aux victimes de Vassieux-en-Vercors , nécropole de Vassieux-en-Vercors, cour des fusillés à La Chapelle-en-Vercors , grotte de la Luire , cimetière de Saint-Nizier-du-Moucherotte, hameau de Valchevrière , village de Malleval , Pas de l’Aiguille » ; ibidem, même page. Voir annexe n° XIX.

1585.

Nous fûmes délégué par l’Académie de Grenoble pour assurer le volet pédagogique de l’inauguration du mémorial en cette « année-mémoire ».

1586.

« Le Vercors , refuge de haut combat », Régis Guyotat, in Le Monde, 16 janvier 1993.

1587.

Pour y avoir amené des classes de tous niveaux, nous pouvons témoigné de cet échec.

1588.

C’est le cas très nettement de la toute dernière situation du mémorial, qui franchit à notre idée la frontière de la démagogie en focalisant l’attention du visiteur sur le sort de la petite Blanc, dont toute la famille a péri à Vassieux (sauf le père, en déplacement à Grenoble), dans une scène où le tragique le plus morbide le dispute à une mise en scène pensée pour prendre le regardeur aux tripes et à la gorge beaucoup plus qu’au cerveau. La prise en otage affective et émotionnelle est en l’occurrence scandaleuse parce qu’elle interdit la réflexion.

1589.

Évidemment, pour qui a visité le musée privé de « Jo » La Picirella, il est certain qu’il souffre de graves problèmes, le principal étant justement qu’il n’y a pas de muséographie et qu’il manifeste peut-être une trop grande fascination pour la chose armée.

1590.

Les « paysages-histoire » sont pour Julien Gracq ces paysages « qui ne s’achèvent réellement pour l’œil, ne s’individualisent et parfois même ne deviennent distincts, qu’en fonction d’un épisode historique, marquant ou tragique, qui les a singularisés, les faisant sortir une fois pour toutes de l’indistinction, en même temps qu’il les a consacrés » ; Julien Gracq, « Fragments inédits », in Jean Carrière, Julien Gracq. Qui êtes-vous ?, Lyon, La Manufacture, 1986, p. 179. Merci à Gilles Vergnon des discussions que nous eûmes à ce sujet.

1591.

Régis Guyotat, Le Monde, art. cité, p. 29.

1592.

Voir notre conclusion générale pour la proposition d’une tentative d’enquête « scientifique » sur ces questions.