B – Quels lieux de mémoire juifs à Grenoble entre 1944 et 1964 ?

A cette question centrale, une seule réponse est possible, qui s’impose dans toute sa brutalité. Il n’y a pas de lieu de mémoire juif à Grenoble. Rien. Aucune stèle ni aucun monument spécifique. Pas de plaque commémorative. Aucun nom de rue n’est dédié à un combattant juif ou un Déporté racial. Chercher à en dresser l’hypothétique inventaire revient ainsi à pointer des absences et des lacunes, des ratés et des manques à gagner. Là encore, on est confronté au même schéma général de mise à distance de la mémoire juive. Tout comme les associations d’anciens déportés qui ne s’intéressent pas ou peu à la spécificité juive (cf. supra , sur la FNDIRP), suivant l’exemple de la presse qui amalgame dans un même souvenir globalement patriote et résistant toutes les victimes de la Déportation, ne trouvant en outre pas sa place au cœur de la journée de la Déportation, la mémoire juive (dans sa triple dimension de la persécution, de la Résistance et de la Déportation) se heurte à un déficit de reconnaissance de la part des vecteurs et supports de mémoire « lapidaire », monumental et toponymique 1691 .

Notes
1691.

Cf. supra, notre chapitre consacré à ce thème.