B – Les mémoires potentielles et en attente.

Les expressions de mémoire, quels que soient leur nature intrinsèque et l’événement ou le phénomène dont elles sont les conséquences, doivent en passer, dans l’espoir d’acquérir une lisibilité et une notoriété publiques, par le crible du politique. Elles doivent faire un choix d’inféodation à l’un des deux systèmes politiques de mémoire, s’ancrer à l’un ou l’autre camp. Mais si les deux protectorats mémoriels dont on vient de parler, dans leur opposition même, s’arrogent la totalité de l’espace où se tient le débat public, ils ne couvrent pas l’ensemble des mémoires grenobloises des conflits, loin s’en faut.

Celles qui ne franchissent pas le cap du politique – soit par choix, le plus souvent par impossibilité naturelle – sont alors condamnées à un statut mémoriel de deuxième ordre, cette relégation s’aggravant en fonction de leur propre degré de renoncement.