2 – Appendices mémoriels.

Devant ce constat qui est celui du réalisme, certaines mémoires grenobloises se contentent d’être des appendices de mémoire. Comme leur surface mémorielle n’est pas assez étendue pour qu’ils se suffisent à eux-mêmes, de nombreux groupes sont en effet obligés de se faire une raison. Pour exister malgré tout après le conflit, certains adoptent (volontairement ou non, il est difficile de le déterminer), une position suiviste à l’égard de l’un des deux camps politiques en présence (les anciens de la Résistance SNCF sont proches du Parti communiste ; l’Amicale régimentaire du Quatrième Génie partage les vues de De Gaulle, etc.). Autant dire qu’à partir de là, ils ne pèsent plus que le poids des satellites… Incapables d’autonomie (mais qui pourrait leur reprocher ?), ces mémoires s’interdisent d’elles-mêmes toute indépendance. D’autres, et c’est particulièrement sensible pour les plus petites mémoires de la Résistance, sous peine de se voir transformées en « restes » mémoriels, mais se refusant au jeu politique ou n’en ayant pas les moyens, se retirent des instances de mémoire officielles. Elles seront bien sûr présentes, tête dressée, fanions déployés, médailles et décorations briquées, aux cérémonies commémoratives d’importance, mais elles ont choisi le repli. Les anciens résistants ont alors tendance à se muer en Anciens Combattants… Elles ne sont à vrai dire plus en attente de grand-chose et payent du prix de l’anonymat cette volonté d’indépendance qu’elles se font un honneur de ne pas abdiquer.