«  Regrets

Ce n’est pas sans regret que nous écrivons ces lignes...

Pourquoi faut-il que la politique ait tenté, hier à Grenoble, de prendre le pas sur l’hommage rendu à nos morts à l’occasion de l’anniversaire glorieux du 11 novembre 1918 ?

Qu’il existe un différend entre le gouvernement et les anciens combattants, nous sommes les premiers à le déplorer, car nous considérons comme toujours valable la parole de Clemenceau : “Ils ont des droits sur nous !”

Qu’à l’occasion de ce différend le parti communiste ait cru bon de semer la division et de mobiliser ses troupes à grand renfort de placards sur huit colonnes dans le « Travailleur Alpin », nous ne saurions l’admettre.

Il y avait une manifestation officielle... tout le monde pouvait y assister, y compris les Communistes – nous parlons de ceux qui professent des idées communistes – puisque les dirigeants paraissent chaque jour un peu plus se retrancher dans la communauté nationale.

Il y avait une manifestation de l’U.F.A.C.. A celle-ci aussi on pouvait se rendre. Mais comment expliquer que lorsque le président Chassigneux eût annoncé qu’elle était terminée, les professionnels de la politique aient cru bon d’organiser un cortège qui faisait figure de manifestation de division.

Qu’on ne nous dise pas que c’était pour aller rendre hommage aux déportés du 11 novembre, dont hélas beaucoup ne sont pas revenus.

Il y avait un hommage public aux déportés, tout le monde pouvait y participer.

Et puis il y eut toute l’après-midi un hommage, bien plus poignant encore : ce fut celui rendu par des centaines de parents et d’amis qui, sans cortège, sans mobilisation, vinrent déposer d’humbles bouquets, se recueillir devant la stèle et communier dans le souvenir de ceux qui sont morts pour la France et non pour un parti.

Les morts, nos morts ne sont pas l’apanage du parti communiste. Ils appartiennent à la communauté française tout entière. Dénaturer leur sacrifice, c’est trahir la leçon qu’ils nous ont léguée. »