Annexe XVI
Les murs de Grenoble pendant la guerre : Vichy s’expose 1947 .

Bulletin municipal officiel (séance du 20 décembre 1940).

Nous avons pensé qu’il convenait d’associer à ces noms celui d’un héros de la grande guerre et notre choix s’est porté sur le nom de Charles Péguy qui, à tant de titres, mérite d’être honoré.

Charles Péguy, né à Orléans, le 7 janvier 1873, fut un brillant élève de l’École normale supérieure, mais sa vocation le portant vers l’étude des problèmes sociaux, il renonça à la carrière universitaire et avec une ferveur d’apôtre entreprit d’agir sur les idées de son temps. L’élan si pur et si droit avec lequel il poursuivait ce noble idéal ne put longtemps subir la bassesse de certains milieux qui lui firent un instant illusion ; le jour où sa claire conscience lui dévoila l’imposture des esprits auxquels il avait apporté tant de dévouement passionné, Charles Péguy n’hésita pas à rompre avec ceux dont il devinait maintenant les méprisables et funestes ambitions. C’est alors qu’il commença la publication de ces célèbres « Cahiers de la Quinzaine » dont le titre demeure désormais inséparable de son nom. Poète mystique, Charles Péguy a laissé une œuvre considérable où rayonne son œuvre maîtresse : les Mystères de la charité de Jeanne d’Arc. Cet homme « fait surtout pour la méditation et le lyrisme » apporta dans la guerre un mâle courage que devait couronner une mort de héros : lieutenant de réserve, Charles Péguy est mort pour la France tué en pleine bataille à Villeroy (Seine-et-Marne), le 5 septembre 1914 au moment où, à la tête des débris de sa compagnie, il criait à ses hommes « En avant, les amis ! »

C’est lui qui, en des vers immortels d’une ligne si simple et si noble, a chanté la grandeur du sacrifice suprême.

« Heureux ceux qui sont morts

dans une juste guerre

Couchés dessus le sol à la face

de Dieu ».

Nous avons voulu compléter cet hommage par les noms de deux grands Français dont le pays peut justement se montrer fier : le maréchal Lyautey et l’aviateur Jean Mermoz. Lyautey, l’Africain, dont le génie colonisateur sut notamment réaliser dans notre empire ce prodige marocain qui demeurera comme un modèle de ce que peut la clarté souveraine d’une intelligence et d’un cœur français voués à la Patrie. Jean Mermoz, le prestigieux aviateur englouti dans l’Atlantique le 9 décembre 1936 à bord de l’hydravion « Croix du Sud » en plein vol vers le Brésil.

Notes
1947.

Bulletin Municipal Officiel, 1940, p. 206.