a. Une politique d’adaptation de l’espace public urbain à l’automobile

Le rôle de l’espace public urbain a évolué au cours du temps et n’a eu pour objet pendant longtemps que de garantir la salubrité publique et la sécurité de l’espace urbain. Avec le développement de la motorisation automobile, après la seconde guerre mondiale, des politiques d’aménagement de l’espace urbain ont été menées, confiant un nouveau rôle à l’espace public urbain. En effet, dans les années soixante, parallèlement à la forte progression du taux de motorisation des ménages, les communes ont mis en œuvre des politiques d’adaptation de la ville à l’automobile. Ces évolutions de l’espace urbain répondent également à une modification importante des modes de vie. Le développement de la fonction circulatoire s’est caractérisé par la multiplication des nouvelles emprises viaires et l’élargissement des voies existantes au détriment des espaces riverains.

Cette politique a abouti à une ségrégation de l’espace public urbain. En effet, afin de limiter les désagréments qui ont accompagné le développement de la voirie urbaine, une hiérarchisation du réseau viaire a été proposée par les ingénieurs routiers et les urbanistes. Elle devait déboucher sur un environnement meilleur et plus sûr. En réalité, quelques zones ont été sauvegardées des nuisances provoquées par la fonction circulatoire et le reste de l’espace urbain a été confronté à leur explosion. A terme, cette hiérarchisation a abouti à la séparation physique des différents trafics et à une ségrégation de l’espace public urbain.

Le partage de l’espace public, c’est-à-dire l’affectation de cet espace public par des mesures physiques et réglementaires édictées par la collectivité locale, s’est fait en faveur des usages circulatoires jusqu’au début des années soixante-dix. Le profil en travers des voies illustre ce partage en faveur de la fonction réseau de l’espace public selon le critère de la vitesse (les piétons sur les côtés, le stationnement et les bus en bordure de trottoirs, les voitures plus rapides au milieu de la chaussée). La répartition des emprises manifeste les priorités accordées à chacun des modes de transport selon la position de chaque tronçon dans le réseau circulatoire. Depuis, de nouveaux aménagements de l’espace ont été réalisés pour réintroduire des usages jusqu’alors malmenés.