1.3. Les caractéristiques des effets externes

Pigou (1962) montre qu’il y a une divergence entre le coût privé d’une activité et son coût social. Le premier est pris en compte par le marché. Le second correspond aux coûts ou aux désavantages qu’un agent par son activité fait subir à un ou plusieurs agents sans compensation financière. Il prétend que, sans système de transfert par un jeu de taxation-subvention, l’équilibre général n’est pas atteint. Aussi existe-t-il une interdépendance des agents économiques.

Coase (1960) conteste l’approche pigovienne des effets externes tout en maintenant l’idée d’interdépendance. En effet, une firme qui produit un effet externe non intentionnellement oblige une autre firme à supporter cet effet. Supprimer l’émission de l’effet externe par le recours à une taxe désincitative, conduit à nuire à l’activité de la firme émettrice. Aussi, ‘la vraie question que l’on doit se poser est la suivante : doit-on laisser A porter préjudice à B ou doit-on laisser B porter préjudice à A ? Le problème est de réduire le préjudice en général au minimum ’(COASE, 1960). Il existe entre ces deux firmes une interdépendance de leur activité. ‘Il y a externalité quand vous vous souciez de mon choix et que mon choix vous influence ’(SCHELLING, 1980, p. 113).

Cette interdépendance entre agents économiques peut concerner soit les agents de même nature (les producteurs ou les consommateurs) ou des agents différents (les producteurs et les consommateurs). Cette interdépendance est directe dans le sens où elle est un argument de la fonction de production de la firme ou de la fonction d’utilité du consommateur. De plus, elle est inintentionnelle. Ceci explique l’absence de prise en compte par le marché et le caractère non marchand des effets externes. En effet, les coûts sociaux étant différents des coûts privés, le prix du marché ne reflète pas les coûts sociaux. Les coûts privés sont internalisés par le biais d’un échange monétaire, par un prix, alors que les coûts sociaux ne le sont pas. Les effets externes mettent en lumière les défaillances du marché (market failures) comme le montre Pigou.

Il n’existe pas d’incitation dans le cas des effets externes. En effet, l’absence de droits de propriété renforce l’existence des effets externes. ‘Smith les considérait comme un moteur fondamental de l’intérêt individuel et collectif. Cette absence de droit de propriété conduit à une complication des interdépendances, qui n’ont pas de cadre dans lequel s’exercer’ (DELVERT, 1995, p. 24).