1.4. Les définitions contemporaines des effets externes

Ces différentes caractéristiques posées, de nombreuses définitions des effets externes existent et répondent plus ou moins à ces propriétés.

DeSerpa (1971) montre que les effets externes résultent d’une défaillance du marché. ‘Bradly defined externality is a relevant cost or benefit that individuals fail to consider when making rational decisions.’Cette définition ne parle ni de l’origine, ni du caractère externe des effets. Verhoef précise la définition en termes d’inter-relation entre agents et d’inintentionnalité des effets externes. ‘An external effect exists when an actor’s (the receptor’s) utility (or profit) function contains a real variable whose actual value depends on the behavior of another acter (the supplier), who does not take these effects of his behavior into account in his decision making process’.

Faucheux et Noel (1995) complètent en apportant l’idée de non compensation pécuniaire des effets externes. On peut considérer un effet externe comme ‘une interdépendance entre agents économiques affectant les fonctions-objectifs de ces derniers, sans être régulées par l’échange volontaire dans lequel un bien n’est cédé qu’en contrepartie d’un paiement réputé représenter sa valeur ’(FAUCHEUX et NOEL, 1995, p. 63). C’est ‘une situation où les décisions de consommation ou de production d’un agent affectent directement la satisfaction ou le profit d’autres agents sans que le marché évalue, et fasse payer ou rétribue, l’agent pour cette interaction’ (HAMMICHE, 1997, p. 203).

La définition de Bénard (1985) dans sa simplicité résume bien les caractéristiques des effets externes. Ainsi, les effets externes correspondent à ‘une liaison directe entre les fonctions d’utilité ou de production d’agents économiques distincts non traduisible sur le marché. Les externalités se manifestent soit par la présence de consommations d’autres individus ou de productions de firmes dans la fonction d’utilité d’un individu (externalités de consommation) soit par la présence de productions d’autres firmes ou de consommations finales dans la fonction de production d’une firme (externalités de production)’ (BENARD, 1985, p. 41).

D’autres définitions s’inscrivent plus directement dans un cheminement de la pensée économique. Ainsi, Button dans une tradition pigovienne d’économie du bien-être, montre ‘qu’il y a externalité quand le bien-être de certaines personnes ou sociétés dépend du comportement des autres personnes ou sociétés pour lesquelles cet effet incitatif n’entre pas en ligne de compte lorsqu’elles prennent leur décision. De la même manière, Button à la suite des travaux de Coase sur les marchés de droits de propriété propose une autre définition : Excessive depletion of environment ressources occurs when their utilization is external to the cost function of those supplying or using transport services. ’ ‘(...) The absence of property right allocations means that effective markets do not exist for many elements of the environment, that is they represent incomplet or missing market’ (BUTTON, 1990).

D’autres auteurs tentent d’incorporer dans la définition des externalités les apports de la théorie des contrats notamment. ‘Externalities occur in a world of social and economic interactions if different agents use a resource jointly without explicitely contracting on prices and quantit’ y (ROTHENGATTER, 1994).

Bonnafous (1992) propose une formalisation des effets externes en fonction des conséquences des comportements des agents économiques (consommateurs et producteurs) sur les différentes entités suivantes :

  • La sphère marchande ;
  • Les biens non marchands ou collectifs ;
  • Les satisfactions individuelles ;
  • La biosphère.

Cette distinction des entités permet de retrouver les économies et déséconomies externes marshalliennes, les effets externes inter-individuels, les effets externes sur l’environnement.

Figure 1.1 : Les effets externes
Figure 1.1 : Les effets externes

Les effets sur les différentes sphères revêtent des formes précédemment décrites comme les économies et déséconomie marshalliennes qui correspondent à des modifications du niveau de production qui ne proviennent pas d’une variation des consommations intermédiaires (par exemple des effets de voisinage, de diffusion du progrès technique, des coûts externes financés par la collectivité).

Les effets externes, dans la présentation de Bonnafous (1992), se divisent en deux groupes déterminés par la sphère qu’ils affectent. Ainsi il distingue les effets externes qui affectent les satisfactions individuelles des agents économiques des externalités qui touchent la biosphère. Les premiers correspondent à la modification du niveau d’utilité (ou de profit) provoquée par le comportement d’un agent économique sans que cela passe par un marché. Les seconds résultent également du comportement des agents économiques sur la biosphère.

Les effets externes résultent du comportement des consommateurs et des producteurs. L’état et les collectivités territoriales jouent également un rôle important comme producteur d’effets externes puisque la consommation des biens publics offerts est souvent considérée comme un effet externe, et l’offre et le financement des biens public sont à l’origine d’effets externes.