4.4. L’hétérogénéité des ménages

Dans les modèles de localisation résidentielle, les ménages sont considérés comme identiques en termes de revenu et de fonction d’utilité. Ils possèdent tous la même courbe de rente offerte. Cette hypothèse est simplificatrice par rapport à la réalité. Aussi est-il plus pertinent de poser que les ménages perçoivent des revenus différents. Cette catégorisation des ménages conduit à ce que les ménages d’un même groupe se localisent à la même distance du centre. Dans le cas où la différence de revenus s’accompagnerait également de préférences des ménages différentes (fonction d’utilité), les ménages ayant des revenus similaires ne se localisent plus forcément à la même distance du centre.

Fujita (1989) introduit également dans son modèle de localisation résidentielle la structure des ménages. En effet, si dans les modèles traditionnels le ménage est utilisé comme synonyme de consommateur, les ménages ne se distinguent pas par leur composition. Pourtant, la composition peut modifier la demande de logement, les coûts de transport et la contrainte budgétaire. En effet, un ménage avec enfants recherche souvent des logements dont la taille est supérieure à celui d’un célibataire. Les coûts de transport engendrés par les déplacements domicile-travail sont proportionnels au nombre d’actifs composant le ménage. Ainsi Fujita (1989) inclut dans la fonction d’utilité du ménage le nombre d’actifs et le nombre d’inactifs. Les revenus se composent des revenus salariaux et d’une partie proportionnelle au nombre d’actifs. Les coûts de transport ne concernent que les actifs. L’utilité, résultant du logement et du bien composite, est fonction du nombre total des membres du ménage

Le nombre d’inactifs dans un ménage joue un rôle important. En effet, la localisation des ménages est influencée par ce nombre. Le modèle de Fujita (1989) indique que les ménages composés de plusieurs inactifs ont tendance à se localiser en périphérie. En effet, un ménage de ce type possède une demande de logement importante. Afin de pouvoir se loger, les actifs doivent supporter une augmentation du temps de transport au détriment de leur temps de loisir. Par ailleurs, plus le nombre d’actifs dans un ménage est grand, moins les ménages se localiseront en périphérie. Enfin, lorsqu’un ménage est composé uniquement d’actifs dont les revenus se composent seulement de salaires, alors le nombre d’actifs n’intervient plus dans le choix de localisation.

La prise en compte de la composition des ménages conduit à des choix de localisation différents. L’introduction de telles considérations dans les modèles de localisation apporte une vision plus réaliste des choix des ménages et des contraintes auxquelles ils sont soumis.