4.5.2. Le modèle de localisation avec externalités

Dans son ouvrage Urban Economic Theory publié en 1989, Fujita essaye d’unifier les différents modèles de base de la NEU. Après une présentation détaillée du modèle d’Alonso-Muth, il expose un modèle de localisation avec externalités qui introduit dans l’analyse l’anisotropie des localisations.  Ainsi une variable d’aménités est introduite dans la fonction d’utilité des ménages. Les consommateurs ont une fonction d’utilité spécifiée de la façon suivante :

avec x le bien composite, s la taille du logement et E() le niveau d’aménités de la localisation . Le niveau d’aménités résulte de l’offre de biens publics locaux, des aménités environnementales, etc. Chaque localisation se distingue par sa distance au centre et son niveau d’aménités.

A l’exemple du modèle d’Alonso, le comportement du ménage est décrit comme la maximisation de sa fonction d’utilité sous contrainte de son revenu (Y). Le revenu sert à acheter la quantité de bien composite, à supporter le coût du logement sR()et de transport T() et à payer les impôts G().

La courbe de rente offerte est obtenue quand les dépenses consacrées au logement sont maximisées pour un niveau d’utilité et un panier de consommation (x,s).

Comme pour le modèle d’Alonso, la courbe de rente offerte peut être déterminée par :

avec Z(s,u,E()) la consommation optimale du bien composite.

A partir de cette définition, plusieurs cas peuvent être étudiés : la variation de l’accessibilité, du niveau de la taxe locale, de l’utilité et du niveau d’aménités. Les résultats en termes d’équilibres partiels sont les mêmes que ceux obtenus avec le modèle d’Alonso. Par exemple, l’augmentation de la taxe locale réduit le revenu net d’impôts et de coûts de transport. Aussi les ménages ne peuvent conserver leur niveau d’utilité qu’à la condition que les dépenses pour le logement soient réduites.

Nous allons nous intéresser au cas d’une variation du niveau d’aménités qui correspond à l’apport de FUJITA au modèle canonique.

Soit une augmentation du niveau d’aménités, E2>E1, toutes choses égales par ailleurs. La courbe d’indifférence se déplace vers le bas pour un même niveau d’utilité. (Cf. Figure 2.7) Cela signifie qu’il est possible d’atteindre le même niveau d’utilité avec une diminution de la consommation du bien composite. Le taux de substitution entre le niveau d’enchères et le niveau d’aménités en utilisant le théorème-enveloppe s’écrit :

Figure 2.7 : La courbe de rente offerte des ménages et l'augmentation du niveau d’aménités
Figure 2.7 : La courbe de rente offerte des ménages et l'augmentation du niveau d’aménités
Figure 2.7 : La courbe de rente offerte des ménages et l'augmentation du niveau d’aménités
Figure 2.7 : La courbe de rente offerte des ménages et l'augmentation du niveau d’aménités

La courbe de rente offerte est croissante avec la hausse du niveau d’aménités. Les ménages enchérissent de manière plus importante dans un environnement meilleur. Toutefois, le signe de l’effet du niveau d’aménités sur la taille du logement ne peut pas être déterminé a priori. Par hypothèse, la taille du logement à l’optimum est décroissante avec le niveau d’utilité :

Nous avons indiqué que les externalités peuvent résulter de l’offre de biens publics locaux ou d’aménités environnementales. Les propriétés intrinsèques des lieux sont prises en compte dans ce modèle. Ainsi le modèle de Fujita (1989) avec externalités tente de dépasser la problématique des modèles initiaux de localisation des ménages centrée sur les coûts de transport. Le modèle présenté demeure encore sommaire.

Fujita (1989) suggère de prendre en compte explicitement les biens publics locaux dans l’analyse. Il distingue plusieurs types de biens publics locaux : les city goods, les neighbourhood goods et les superneighbourhood goods. Les city goods se caractérisent par un niveau de service homogène sur l’ensemble de l’agglomération. Les neighbourhood goods sont offerts de façon localisée et ne bénéficient qu’aux ménages résidant dans l’agglomération. Les superneighbourhood goods sont des biens dont les bénéfices dépendent également de la localisation des ménages par rapport à l’offre. Ils provoquent des effets de débordement. L’introduction des biens publics locaux dans l’analyse permet d’étudier leurs effets sur les courbes de rente offerte des ménages. La complexification du modèle d’Alonso conduit à superposer à l’espace absolu un espace relatif qui déforme les gradients de rente foncière. En introduisant davantage de réalisme dans les modèles, leur pouvoir explicatif augmente dans l’analyse des localisations résidentielles.