5. Conclusion

Ce chapitre a permis d’analyser les principaux déterminants de la localisation résidentielle. Ainsi dans le modèle canonique d’Alonso, sous l’hypothèse d’un espace monocentrique et d’un centre rassemblant tous les emplois, les ménages doivent choisir une localisation d’équilibre et la quantité de sol consommée (ou la taille du logement). Ils arbitrent entre espace (coût du logement) et accessibilité (coût du transport) en fonction des prix, de leurs revenus et de leurs préférences. La vision d’Alonso du choix de localisation des ménages est très restrictive. Les développements de modèle issus du modèle de base tentent d’y remédier.

En effet, suite aux travaux d’Alonso, de nombreux modèles ont précisé les déterminants des choix de localisation notamment par la prise en compte des caractéristiques des transports dans l’arbitrage des ménages sous la forme d’un coût de transport généralisé (WINGO, 1961) ou par son introduction dans la fonction d'utilité des ménages (SOLOW, 1972). Une meilleure spécification des transports conduit souvent à la distinction des ménages en fonction de leurs caractéristiques de composition et de revenus. L’introduction de la différenciation des ménages permet de prendre en compte l’existence de localisations ségréguées selon les revenus ou la structure des ménages. La composition des ménages et leurs revenus induisent l’existence de courbes de rente offerte différentes.

Par ailleurs, la volonté de refuser l’isotropie des localisations dans les modèles de localisation résidentielle a permis de développer des modèles tenant compte des attributs de lieux (PAPGEORGIOU, 1973, 1990). Ces derniers sont pris en compte en intégrant dans la fonction d’utilité une mesure du niveau d’aménités ou l’existence et les caractéristiques de l’offre de biens publics locaux (FUJITA, 1989).

Nous savons que la détermination d’un équilibre général spatial n’est pas possible dans les modèles élaborés à partir du modèle d’Alonso. Pourtant, le raisonnement en équilibre partiel autorise l’analyse des localisations résidentielles des ménages et, par conséquent, indirectement l’analyse des déterminants des prix des logements et de la valorisation de l’offre de biens publics locaux. En effet, notre objet se situe dans un cadre statique, où il s’agit d’étudier les prix des logements en fonction des attributs de lieux à un moment donné et dans un espace délimité. Il ne s’agit pas d’étudier les étapes de la formation de l’espace urbain.

En outre, notre objet est de mesurer l’impact de l’offre de biens publics locaux sur le prix des logements dans une commune centre d’une agglomération millionnaire. ‘L’économie spatiale urbaine demeure pour l’essentiel une théorie de l’espace résidentiel et, plus précisément même, une théorie de l’espace suburbai’ n (ZOLLER, 1988, p. 63). Pourtant, nous considérons qu’au sein de la commune centre, nous observons les mêmes arbitrages de la part des ménages en termes de localisation que dans l’anneau périphérique. Aussi les enseignements issus des équilibres partiels étudiés et apportés par les modèles de localisations demeurent valables pour notre problématique.