4.2.2. Les conditions d’existence de capitalisation interne

Starrett examine également les conditions d’existence de la capitalisation interne. Deux hypothèses garantissent son développement. D’une part, il n’existe pas d’effets de débordement résultant de l’offre du bien public local (g = 0), et d’autre part les communes sont homogènes en termes de préférence des ménages. Pour une structure de loyers donnée, les ménages ayant les mêmes préférences se localisent au même endroit.

Les préférences d’un ménage i sont représentées par la fonction d’utilité suivante :

Les communes peuvent être de deux types, à savoir des communes isolées et entourées de zones rurales qui peuvent être urbanisées, et des communes faisant partie d’une aire urbaine dont l’offre de terrain est limitée.

La variation du bien-être social, liée à la modification de l’offre du bien public local, est déterminée par la fonction suivante :

Pour simplifier l’analyse, Starrett fait l’hypothèse que la distribution des revenus est optimale (wi = 1) et que l’ensemble de la population est localisé dans les zones périphériques  et sont sensibles aux effets de la modification de l’offre du bien public local q.

La variation de bien-être s’écrit alors :

Starrett envisage deux scénarios pour expliquer l’existence de la capitalisation, à savoir une distribution des profits des firmes aux résidents locaux et une distribution des profits des firmes à des non-résidents.

  • Les profits des firmes sont distribués aux résidents
    Les firmes sont détenues par les ménages qui perçoivent les profits. Les firmes ne sont pas affectées par la modification de l’offre du bien public local. Seuls les loyers des terrains sont modifiés par cette variation
    Alors, l’équation 4.59 s’écrit :
  • Quand la commune est isolée, l’urbanisation des zones rurales périphériques, résultant de l’augmentation de la demande de terrain, induit que les loyers demeurent stables dans la commune
    .
    L’équation 4.60 s’écrit :

alors,

Les bénéfices sociaux découlant de la modification de l’offre du bien public sont capitalisés dans les loyers des terrains résidentiels.

  • Quand la commune se situe dans une agglomération, les frontières sont intangibles et l’offre de terrains est parfaitement inélastique, aussi les loyers varient-ils.
    En cas de demande globale de terrain croissante avec l’offre de bien public, la capitalisation dans les loyers est plus importante que dans le cas de la commune isolée (overcapitalization).

Dans le cas contraire, la capitalisation dans les valeurs foncières résidentielles est plus faible que dans le cas de la commune isolée (undercapitalization).

  • Les profits ne sont pas distribués aux résidents locaux
    La situation est différente lorsque les firmes n’appartiennent pas totalement aux habitants de la commune où elles sont localisées. Les profits ne sont pas entièrement distribués aux résidents. Certains coûts de production sont supportés par des non-résidents qui bénéficient en retour d’une part des profits. Si les firmes sont entièrement détenues par des non-résidents, alors le profit distribué aux résidents est nul.

Si les communes sont isolées alors les bénéfices sont capitalisés dans toutes les valeurs foncières. Reprenons l’équation 4.59 et prenons en compte les hypothèses précédentes, on obtient :

Les bénéfices sociaux ne sont plus capitalisés dans les seuls loyers des terrains résidentiels mais dans l’ensemble des terrains.

Cette présentation synthétique d’une partie du modèle de Starrett (1981) indique que l’augmentation des bénéfices sociaux, induite par la modification de l’offre d’un bien public local, est capitalisée dans les valeurs foncières résidentielles (à l’exception du cas où les profits des firmes sont distribués à des non résidents). La prise en compte de l’existence d’une capitalisation intracommunale résulte de la définition des biens publics locaux dont la consommation est localisée. En effet, la capitalisation interne n’existe pas lorsque l’offre concerne un bien public pur. Les communes ne constituent pas des zones homogènes. Elles se caractérisent par une variation de l’offre de bien public local et de l’utilité retirée de leur consommation par les ménages en fonction de leur localisation dans la commune.