Depuis mon enfance, j’ai été intriguée par les relations entre femmes et hommes assujettis à une idéologie patriarcale. Mes origines tunisiennes m’ont permis d’avancer véritablement dans cette compréhension. En quittant la Tunisie, et en m’installant en Europe, j’ai pu prendre du recul vis-à-vis de ma propre culture et la regarder sous un angle différent. Mon implication subjective dans ce travail et l’urgence, pour moi, d’une clarification indispensable à me permettre de sortir d’un malaise me contraignirent à la réflexion. C’est ainsi qu’à l’occasion de ce travail, cathartique, je pus enfin commencer de dénouer l’écheveau des apparentes contradictions maghrébines et tunisiennes et tenter de comprendre d’abord comment, dans une société patrilignagère et patriarcale, de domination affirmée des hommes sur les femmes, se mettent en place les rapports entre les sexes, et comment une catégorie de femmes avaient pu jouer le rôle de grande prêtresse de cette domination des hommes et de l’oppression des femmes. Il me fallut beaucoup de lectures, de nombreuses années de réflexion, pour commencer à tenter de démêler l’écheveau de contradictions qui caractérise les comportements comme les rôles féminins dans ce groupe social en profonde mutation.