1) 1956-1970

Au Maghreb, la Tunisie présentait déjà les prémisses d’une culture cinématographique bien avant que l’indépendance ne lui soit accordée par la France en 1956. Ainsi le pionnier Albert Samama tourna plusieurs films muets (La fille de Carthage/Aïn al-ghaza, 1924) tandis que le français Georges Decorles et Abdelaziz Hassine réalisèrent chacun un long métrage de fiction sonore : Le fou de Kairouan (1939) pour le premier et Tergui (1935) pour le second. Après la Seconde Guerre mondiale, G. Derocles créa les studios Africa qui produisirent des documentaires, puis de 1953 à 1954, des actualités filmées (les Actualités Tunisiennes). L’intérêt croissant pour le cinéma se traduisit en Tunisie par l’organisation des tous premiers ciné-clubs 45 , lancés dès 1946, qui débouchèrent sur la création de la FTCC (Fédération Tunisienne de Ciné-Clubs) en 1950, puis sur l’ouverture de la Cinémathèque Tunisienne en 1954. Cependant, comparé au Maroc et à l’Algérie, la Tunisie souffrait grandement - et continue de souffrir - d’un nombre limité de salle de cinéma.

En matière de production, les dix premières années qui suivirent la fin du protectorat (1956-1965) virent la réalisation d’un nombre considérable de documentaires par des cinéastes tunisiens, certains travaillent dans le cadre du mouvements des cinéastes amateurs, et de quelques projets plus ambitieux tournés par des réalisateurs étrangers 46 . Le premier long métrage tunisien, de la période post-indépendance fut L’Aube de Omar Khlifi (1966), un cinéaste qui allait par ailleurs dominer la production cinématographique de cette première décennie de cinéma. Ce film relate les événements insurrectionnels qui ont précédé l’indépendance de la Tunisie.

Notes
45.

M. M’rad, “ Le cinéma amateur et les ciné-clubs ”, Contact, n° 27, Tunis, 1er octobre 1974.

46.

Ce fut le cas de Renaissance (1963), un documentaire de M. Ruspoli sur la guerre de libération en Tunisie, et de deux longs-métrages français de fiction, Goha de J. Baratier (qui bénéficia d’une distribution internationale et qui fit connaître Omar Sharif au public du monde entier) et H’mida de J. Michaud-Mailland.