Petite conclusion

Au bout de cet itinéraire d’analyse, nous pouvons récapituler en disant que c’est véritablement avec l’apport décisif de Figures III, de Gérard Genette, que l’étude du récit est apparue comme une discipline autonome, particulièrement féconde dans le champ littéraire, et que, simultanément, la nécessité de considérer le récit cinématographique pour lui-même s’est fait sentir.Néanmoins, le récit cinématographique ne sera jamais scriptural pour la seule raison que l’un est polyphonique, l’autre monodique. Ainsi, le récit filmique renvoie au théâtre parce qu’il met en scène des actions ; et il renvoie au roman parce qu’il utilise le verbe. Mais ce coefficient de théâtralité ou de verbalité qu’il contient nécessairement se trouve transformé du fait même que le film met en jeu de nombreuses matières de l’expression à la fois.

Nous nous permettons, pour conclure ce chapitre, de citer longuement A. Gaudreault et F. Jost : ‘“ à l’heure actuelle, il n’est plus possible de se retrancher dans les limites rassurantes de son domaine : la narratologie doit être ’ ‘comparée’ ‘, avancer en prenant en écharpe les différents médias. Bien sûr cette idée rencontre des résistances : le cinéma reste encore dans la tête de quelques-uns un pur divertissement et si les esprits les plus éclairés admettent qu’une discipline puisse en parler “ sérieusement ”, c’est rarement jusqu’au point de lui emprunter des modèles qu’elle a forgés. Pourtant il faudra s’y habituer : l’affinement des concepts ne peut se faire qu’à force d’en éprouver leur validité sur des objets variés. La narratologie littéraire y gagnerait beaucoup à repenser les résultats de la narratologie cinématographique pour les intégrer à ses analyses. De même que pour Saussure, la linguistique n’était qu’une partie de la sémiologie, la narratologie littéraire n’est à présent qu’une partie de la narratologie’ ‘ 113 ’ ‘ ”’.

Notes
113.

A. Gaudreault, F. Jost, op. cit., Paris, Nathan, p. 146.