IV. Les rapports Père/fils

IV.1. L’Oedipe et le blocage symbolique

La figure du père comme détenteur de pouvoir et incarnation de la Loi, telle que les films la présentent, peut se lire en référence au caractère patriarcal de cette loi. Dans la théorie psychanalytique comme dans le film, la Loi est en effet associée symboliquement au Nom du Père, le rapport de tout sujet à la Loi est donc un aspect de son itinéraire oedipien : très précisément, l’acceptation de la Loi du père, dernier stade de l’Oedipe, marque à la fois l’accession au symbolique, et est une des étapes du passage à l’âge adulte ; cette accession se fait au prix d’une castration symbolique (le sujet renonce à conquérir sa mère).

L’analyse découvre cette structure dans la représentation et la mise en scène de deux films du corpus. Dans l’Homme de cendres et Halfaouine, la figure du père, a une apparence particulièrement raide, il démontre, au long du film, un pouvoir de volonté qui se manifeste visiblement dans son regard castrant, et d’innombrables détails sont lus comme marquant son intime proximité à la Loi (à la justice, au droit, à la vérité) et son rapport à la castration, qu’il figure symboliquement. Une place spéciale est faite dans l’analyse au rapport du personnage principal, Hachemi ou Noura, à des figures de femmes, et notamment aux différents visages de la Mère. Ces deux films fonctionnent en fait selon le schéma oedipien : rapport de dépendance amoureuse avec la mère, conflit avec le père, puis finalement acceptation de la Loi du père au prix du renoncement à la mère et accession à l’âge adulte marqué pour l’abandon de la mère pour un autre objet de désir. Hachemi s’unit à Amina, la femme-prostituée à la fin de L’Homme de cendres et Noura à Leïla, la femme-domestique à la fin de Halfaouine).