Notice sur le réalisateur

Férid Boughedir (1944). Né à Hammam-Lif en Tunisie. Il fit carrière à la fois comme critique, théoricien et historien de cinéma et comme réalisateur. Issu de la FTCA (Fédération Tunisienne du Cinéma Amateur) et membre du ciné-club de Tunis, il étudia la littérature à l’Université de Rouen. Tout en enseignant le cinéma à l’Université de Paris III Sorbonne Nouvelle et à L’université de Tunis, il obtint son doctorat en 1986 en présentant une thèse sur les thèmes et l’économie du cinéma africain. Il publia de nombreux articles sur le cinéma africain et arabe dans divers magazines, dont Jeune Afrique, pour lequel il réalisa un numéro spécial sur “ Le cinéma en Afrique et dans le monde ” en 1984. Il participa aux collections reliées de la revue CinémAction (Cinémas noirs d’Afrique en 1984, Les Cinémas du Maghreb en 1987 et Les cinémas arabes en 1987), et publia seul un ouvrage intitulé Le cinéma africain de A à Z (1987).

Ses premiers courts métrages datent des années 60 : on compte Paris-Tunis (1963-67), Riche pour un jour (1965), etc. A la fin des années 60, il travailla comme assistant-réalisateur sur L’eden et après (Alain Robbe-Grillet, 1969) et Viva la muerte (Fernando Arrabal, 1970). Ses premières réalisations révélèrent un intérêt tout particulier pour les structures narratives modernes et un goût pour la farce et le grotesque. Il participa par la suite à plusieurs longs métrages tunisiens de langue française et réalisa plusieurs documentaires sur le cinéma africain et arabe dont Caméra d’Afrique en 1983 et Caméra arabe en 1987 qui furent diffusés sur les chaînes de télévision internationales.

Halfaouine (1990), un portrait plein d’humour et merveilleusement filmé sur l’enfance, fut à la fois un véritable succès critique et le film national le plus populaire jusqu’à ce jour en Tunisie. En 1994, F. Boughedir tourna un second long métrage intitulé Un été à la Goulette. ‘“ La manière dont le réalisateur pose côte à côte et fait revivre ensemble trois groupes familiaux, juif, chrétien, musulman, est dans la pure tradition voltairienne, à laquelle Férid Boughedir ajoute l’idée d’une communauté méditerranéenne qui sert de fonds commun aux trois groupes, avant même d’en invoquer le monothéisme, ou plus largement l’universalité du fait humain’ ‘ 381 ’ ‘ ”’. Ce film est un plaidoyer pour la tolérance dans une Tunisie contemporaine menacée par l’intérgrisme.

Notes
381.

D. Brahimi, Cinémas d’Afrique francophone et du Maghreb, Paris, Eds. Nathan, coll. “ Université ”, 1997, p. 111.