II.4 Le choix :

Le 20 janvier 1986, à Lille, le Président de la République française, Monsieur François Mitterrand, et le Premier Ministre de Grande-Bretagne, Madame Margaret Thatcher, annoncèrent le choix du projet de liaison fixe reliant leurs deux pays à travers la Manche, parmi les quatre promoteurs en lice, en ces termes :

Le choix des deux gouvernements se porta sur un projet techniquement fiable, sûr et attrayant pour les usagers, respectueux de l'environnement des deux pays et financièrement viable. Il s'agissait du projet d'une double liaison ferroviaire assurant à la fois le passage de trains directs et de navettes pour véhicules routiers proposé par le groupement franco-britannique France-Manche / Channel Tunnel Group. Europont, par son côté futuriste, reposait sur un pari technique et financier pratiquement irréalisable ; Transmanche Express 96 manquait de précision et d'assurance, que ce soit sur le plan du génie civil ou du financement ; Euroroute, enfin, était beaucoup trop risqué sur le plan technique et trop onéreux.

Le consortium France-Manche 97 / Channel Tunnel Group 98 était constitué de dix entreprises de génie civil et cinq banques des deux pays, ainsi que des consultants, des membres associés, deux agents de change, deux banques d'affaires à Londres et une à New York pour la levée de crédits américains. Il avait compris dès le début l'importance du montage financier et contacté plusieurs établissements financiers dans le monde entier.

Le projet de France-Manche / Channel Tunnel Group, avec son double tunnel ferroviaire à navettes s'inscrivait dans la lignée du projet abandonné en 1975 dont il bénéficiait des études et de l'expérience. Il présentait de nombreux avantages dans la mesure où il n'avait d'incidence ni sur la navigation ni sur le milieu marin. Il ne donnait lieu à aucune critique sur sa faisabilité technique ou sur ses méthodes de construction ; sur le plan de la sécurité, il était le moins susceptible d'être saboté et le plus facile à défendre contre les actes terroristes ; en ce qui concerne le problème de la rage, tout était prévu de façon à prévenir toute circulation animale ; enfin, il apparaissait comme le moins coûteux et le plus viable sur le plan financier, avec une construction estimée à 29,34 milliards de francs et de nombreux partenaires financiers, puisqu'au 31 octobre 1985, 31 établissements internationaux s'étaient engagés à prêter 42 milliards de francs.

Les gouvernements ayant fait leur choix, il s'agissait ensuite de donner forme au projet d'un point de vue juridique, législatif et réglementaire.

Notes
96.

Filiale de Sealink - Sea Containers.

97.

France Manche : Bouygues, Dumez, SAE, SGE, SPIE Batignolles. Crédit Lyonnais, BNP, Indosuez.

98.

Channel Tunnel Group : Balfour-Beatty, Costain UK, Tarmac, Taylor Woodrow, George Wimpey International. Midland bank, National Westminster Bank.