Le forage du tunnel de service côté anglais débuta en décembre 1987.
Il faut distinguer plusieurs grandes étapes dans le déroulement des travaux :
Il s'agissait là d'un immense chantier d'équipement. En effet, le tunnel sous la Manche n'était pas un simple ouvrage souterrain, mais un système de transport complet qui devait être capable d'accueillir tout le trafic routier et d'en assurer le transport dans des navettes ferroviaires spéciales, et ceci 24 heures sur 24, tout au long de l'année, à un rythme très rapide et en toute sécurité. De plus, ce système devait être capable de gérer le passage en alternance des trains de compagnies de chemin de fer.
L'année 1992 fut une année-clé, d'une part, pour l'équipement de ce système et, d'autre part, pour le début des procédures de réception et d'essais des différents équipements déjà en place. Ces tests se prolongèrent progressivement jusqu'en 1993, année prévue de l'ouverture du tunnel sous la Manche.
L'année 1993 fut témoin des derniers essais, en particulier en ce qui concerne le matériel roulant spécial, c'est-à-dire les navettes qui allaient assurer le transport des véhicules routiers d'un terminal à l'autre.
Il s'agissait donc d'un ouvrage gigantesque, d'une prouesse technique sans précédent. Sur le plan technique, aucune surprise désagréable ne vint ralentir le processus si ce n'est une mise en route laborieuse des premiers tunneliers du côté français en raisons de mauvaises conditions géologiques (zones calcaires perméables) ; le retard fut progressivement rattrapé.
Le 10 décembre 1993, TML remit officiellement les clés de l'ouvrage à Eurotunnel. Le rôle du constructeur s'achevait là ; ce fut un moment historique pour les dix entreprises après plus de sept ans de chantier. Eurotunnel devint responsable de la conduite du programme final des essais supervisés et controlés par la CIG.
A l'approche de la mise en service du système, Eurotunnel dut effectuer une dernière série d'essais afin d'assurer à ses futurs usagers une sécurité optimale, ce qui engendra un nouveau report dans l'ouverture du tunnel. A cette occasion, un ingénieur de TML se fit fort d'expliquer les raisons de ce retard : "Personne n'a vraiment compris que le système de transport que nous sommes en train de mettre en place est un gigantesque prototype".(...)"Lorsque la SNCF fait des choses équivalentes, il lui faut quatre à cinq ans. Dans le cas du tunnel, on aura tout fait en deux ans et demi. Or, ce matériel roulant est entièrement nouveau : les locomotives sont plus puissantes qu'ailleurs parce qu'il faut qu'elles tirent des navettes bien plus pesantes que des trains normaux".(...)"on comprend qu'il ne s'agit pas là d'un tunnel mais d'un système roulant inédit, et qu'il faut du temps pour le roder" 171 .
Ministre des Transports britannique.
voir annexes 5 et 5 bis.
Press notice n° 433 F : "Breakthrough is a momentous occasion, both for relations between the United kingdom and France and for Europe as a whole. It is also an outstanding engineering achievement in which both countries can take enormous pride. This project is a tremendous tribute to the skills and ingenuity of private enterprise. I look forward to the passage of the first train which will forge the United Kingdom's new permanent link with continental Europe", The Department of Transport, 1 December 1990.
WILSON, D., op. cit., p. 123.
voir annexe 6.
BENSAHEL, N., "Les passagers d'Eurotunnel seront en retard à Londres", Libération, article déjà cité.