I - COUT PREVISIONNEL DU PROJET :

Les premières estimations de coûts et d'arrangements financiers eurent lieu dès la signature du contrat de construction entre Eurotunnel et TML, le 13 août 1986. Il fallait en effet distinguer les coûts directs des coûts associés. Les coûts directs étaient les coûts de construction, à savoir les travaux en dépenses contrôlées (c'est-à-dire la construction des ouvrages souterrains ou, en d'autres termes, le forage des tunnels), les travaux à forfait (en l'occurrence, la construction des deux terminaux et l'installation des équipements fixes du système) et les marchés de fourniture (le matériel roulant). Ainsi, il était prévu en 1987 que le coût de construction s'élèverait à 28,4 milliards de francs (dont 1,32 milliard pour aléas exceptionnels), soit 57 % du coût total prévisionnel du projet. Les coûts associés, quant à eux, comprenaient tous les frais financiers et généraux. En effet, sur les sept années escomptées pour la construction de l'ouvrage, 6,4 milliards de francs étaient prévus pour couvrir les frais généraux du groupe, 4,7 milliards pour couvrir les répercussions de l'inflation sur les coûts et 9,7 milliards devaient servir à couvrir les coûts de financement du projet, à savoir les intérêts et commissions bancaires. Les besoins de financement ont été couverts, pour la plupart, par les emprunts bancaires à long terme. Ce qui signifie qu'en 1987, la somme des coûts directs et des coûts associés, c'est-à-dire le coût total du projet était évalué à environ 49 milliards de francs.

Ces prévisions, quant au coût global du tunnel, sont passées à 52,3 milliards de francs en octobre 1988, puis à 54,5 milliards en avril 1989. Cette révision à la hausse des prévisions du coût total du projet s'explique par l'augmentation des coûts de construction due aux retards pris initialement dans les forages, à des difficultés d'ordre logistique, à un manque de contrôle des coûts de TML du côté britannique au cours des années 1988 et 1989 et enfin aux exigences en matière de sécurité qui ont entraîné des modifications de conception, gonflant ainsi les coûts de construction (+ 46,5 %).