II - SITUATION DU KENT :

II.1 Quelques données sur le comté du Kent :

Le Kent ²³⁹ est la région administrative de la partie sud-est du Royaume-Uni. Dans la mesure où c'est l'un des plus grands comtés d'Angleterre, il est divisé, pour raisons administratives, en quatorze districts. En 1991, le Kent comptait 1,536 million d'habitants, avec une densité de 415 habitants au kilomètre carré. De tout temps, le comté s'est tourné vers la capitale, comme le montrent ses principales voies de communication ; en outre, une grande partie de sa population se rend à Londres quotidiennement pour travailler (14 % des habitants résidant à l'Ouest du comté pour à peine 2 % de ceux habitant à l'Est). Le Kent possède un réseau ferroviaire ²⁴⁰ plutôt dense, offrant des services réguliers mais lents, et un réseau routier et autoroutier ²⁴¹ en très nette amélioration afin de répondre à l'expansion du trafic transmanche. Le comté peut être fier de ses communications maritimes avec le continent, notamment grâce au port de Douvres. Le Kent est situé dans la partie plutôt aisée du Sud-Est du Royaume-Uni et, de ce fait, paraît prospère, alors que ses activités traditionnelles (mines de charbon, tourisme balnéaire et petite industrie) sont en déclin ; de plus, le Kent, plutôt conservateur, n'a pas investi dans les secteurs de pointe et n'a donc pas bénéficié de l'expansion des secteurs nouveaux comme les autres régions du Sud-Est, plus dynamiques, au cours des années 70 et 80.

En 1985, à l'origine du projet, les taux de chômage de l'Est du Kent et du Nord-Pas-de-Calais étaient sensiblement les mêmes. De 1986 à 1990, la situation sur le plan de l’emploi a évolué favorablement dans le Kent, puisque les taux de chômage relevés dans trois lieux-clés du comté avaient chûté de plus de moitié (tableau n°1).

Ashford, Douvres et Thanet souffraient d'un taux de chômage relativement élevé en 1986, c'est-à-dire à l'origine du projet. Contrairement à l'image prospère que donnait le Kent, ces trois villes, situées à l'Est du comté, étaient plutôt considérées comme des lieux sinistrés.

Tableau 1 : Taux de chômage

	1986	1990
ASHFORD	9,7 %	3,3 %
DOUVRES	11,4 %	5,1 %
THANET	18,1 %	8,3 %
Source : Recherche Transports Sécurité N°43 Juin 1994

Entre 1986 et 1991, comme nous pouvons le voir dans le tableau n° 1, leur taux de chômage a littéralement chuté, même s'il restait proportionnel, selon les lieux, à celui de 1986. Cette baisse substantielle fut notamment attribuée aux travaux de construction du tunnel sous la Manche qui a créé de nombreux emplois dans le secteur du BTP au niveau local. Ces résultats étaient assez prometteurs et laissaient présager que le tunnel allait avoir un impact réel sur la région.