II.2 Situation économique :

Lors de la mise en place de la stratégie initiale en 1986-87, le Royaume-Uni sortait d'une profonde et longue période de récession qui allait déboucher sur une phase d'expansion. La construction du tunnel sous la Manche et des infrastructures d'accompagnement, associée à trois années de croissance économique nationale fulgurante en 1987, 1988 et 1989 ont eu pour conséquence une forte réduction du taux de chômage dans l'ensemble du Kent. Cet essor 242 de 1987 à 1989 a engendré un optimisme certain à propos du tunnel et des opportunités qu'il présentait. Les promoteurs immobiliers ont dû veiller à mettre en valeur les sites de développement pour attirer les investisseurs et encourager de nouvelles entreprises à venir s'implanter, en soulignant l'accessibilité de la région grâce au tunnel. Les responsables des activités portuaires et maritimes partageaient cet optimisme et ont mis en route des programmes d'investissement de grande envergure. La société Eurotunnel elle-même, sous l'influence d'une croissance de l'activité économique plus rapide que prévu, surévaluait ses estimations au point de vue du volume de trafic fret et passagers. L'heure était à la prospérité économique dans le Kent, mais le besoin de protection de l'environnement commençait à se faire sentir, surtout dans les parties de la région qui allaient devoir subir des transformations du réseau routier et du paysage immobilier. Cette croissance miraculeuse n'allait pas pouvoir durer indéfiniment.

Le ralentissement de l'activité économique commença à se faire sentir dès 1990, puis surtout en 1991 avec une chute très nette dans le secteur de la production. Dans le même temps, le secteur du BTP connut une baisse certaine d'activité à laquelle contribua notamment l'achèvement des travaux du tunnel ; le taux de chômage s'en ressentit rapidement. De même, une forte réduction du nombre de projets du secteur privé entraîna de grandes difficultés financières pour certains promoteurs, ce qui provoqua des retards dans la construction, voire des annulations, de projets d'infrastructure.

Le rapport de 1991, réévaluant la stratégie de 1987, a dû tenir compte des perspectives économiques à moyen et à plus long terme pour le Royaume-Uni dans son ensemble ; cela incluait l'influence du Marché Unique Européen et l'adhésion récente (8 octobre 1990) du Royaume-Uni au Système Monétaire Européen.

Les estimations 243 concernant la situation économique du Royaume-Uni pour les années ultérieures étaient les suivantes :

  • de juin 1991 à l'ouverture du tunnel sous la Manche (alors prévue en 1993), l'économie du Royaume-Uni allait encore bénéficier d'une croissance modeste en matière de production, le niveau le plus bas de la récession étant prévu au cours de l'année 1991 ; cette croissance modeste allait se poursuivre en 1992 et 1993, sans pour autant dépasser le niveau de 1990. Les chiffres concernant l'emploi pour 1993 ne devaient pas excéder ceux de 1991 et ceux concernant le chômage risquaient d'être supérieurs à ceux de 1991 en 1993.
  • de 1993 à 2001, la croissance du Royaume-Uni allait atteindre, selon les prévisions, de 2 à 2,5 % en moyenne par an, ce qui devait maintenir l'emploi de façon constante au cours des années 1990.

Notes
242.

Kent Impact Study 1991 Review, rapport déjà cité, p. 6.

243.

ibid., p. 7.