III - EVOLUTION DE L'IMPACT PREVISIONNEL DU TUNNEL SUR LE KENT SUR LE PLAN DE L’EMPLOI :

Les estimations du rapport de 1987 en ce qui concerne les créations d'emplois pour le Kent, engendrées par le tunnel et ses infrastructures d'accompagnement, étaient de l'ordre de 9 600 à 12 900 emplois pour 1996. La Commission d'enquête en 1991 a estimé, quant à elle, qu'il n'y aurait pas plus de 2 000 créations d'emplois avant 1996. Ce nouveau chiffre, très inférieur au précédent, annonçait les retombées du tunnel sous la Manche (dont la construction s'achevait), de ses infrastructures d'acccompagnement et du Marché Unique Européen 244 .

Les estimations des rapports de la Commission d'enquête sur le plan de l’emploi dans le Kent pour la période 1987-1996 pouvaient être résumées selon les chiffres indiqués dans le tableau n°2. Les emplois sont classés en deux catégories : les emplois directs, liés directement à la construction du tunnel, et les emplois indirects, liés à l'exploitation du tunnel.

En 1987, la création de 9 600 à 12 900 emplois pouvait paraître minime par rapport au nombre d'emplois créés dans le Kent dans son ensemble (480 000 emplois), mais cette augmentation n'était pas négligeable et elle justifiait la mise en oeuvre de tout ce qu'il était possible de faire afin de saisir cette opportunité pour la région.

Tableau 2 : Estimations de 1987 et 1991 sur le plan de l’emploi
  Estimations de 1987 Estimations revues en 1991
   
Effets directs du tunnel    
     
Industrie portuaire et des ferries - 4 300/- 6 600 - 7 480
Tunnel et opération ferroviaire + 3 200 + 1 500/+ 2 000
TOTAL - 1 100/- 3 400 - 5 980/- 5 480
Effets indirects du tunnel    
et des autres infrastructures    
     
Services + 1 800 + 1 500
Industrie + 5 200 + 2 760
Commerce de gros et roulage + 2 700 + 1 000
Commerce de détail + 1 300 compris dans le tourisme
Tourisme + 2 000/+ 3 000 + 500
TOTAL + 13 000/+ 14 000 + 5 760
Effets du marché unique    
     
Dédouanement    
chez les transporteurs pas estimé - 1 300
Service des douanes    
et de l'immigration pas estimé - 520
Effets indirects    
sur d'autres secteurs pas estimé + 4 150
TOTAL pas estimé + 2 330
TOTAL GLOBAL + 9 600/+ 12 900 + 2 610
     
Source : Kent Impact Study 1991 Review , p. 19.

Les chiffres de 1991 concernant l'impact du tunnel sur le plan des créations d'emplois n'étaient bien entendu que des estimations et des prévisions, alors que ceux concernant les suppressions d'emplois étaient plus proches de la réalité. Plusieurs facteurs avaient contribué à cette chute dans les perspectives d'emplois.

L'étude de ces chiffres montre que les estimations de 1991 quant au nombre d'emplois créés étaient plutôt inférieures et celles concernant les suppressions d'emplois étaient plutôt supérieures aux prévisions qui avaient été faites en 1987. Les suppressions d'emplois dans l'industrie portuaire et maritime avaient atteint leur maximum. Des pertes d'emplois supplémentaires étaient prévues aux services des douanes avec l'arrivée du Marché Unique Européen qui n'avait pas été envisagée dans le rapport de 1987. Les nouvelles estimations sur le plan des créations d'emplois dans le secteur de la fabrication et des services restaient identiques à celles de 1987, alors que dans celui de la distribution et du tourisme, elles avaient nettement baissé. Dans le secteur du BTP, on enregistrait un bénéfice net à court terme de 8 000 emplois entre 1987 et 1990 ; en revanche, les estimations pour l'année 1991 prévoyaient une suppression de 7 000 emplois (dont la moitié concernait des habitants du Kent), en raison de l'achèvement du tunnel sous la Manche.

En conclusion, le rapport de 1991 estimait que l'impact du tunnel sous la Manche, de ses infrastructures d'accompagnement et du Marché Unique Européen sur l'économie du Kent allait se traduire par une suppression nette de 5 000 emplois entre 1987 et 1991.

Cette suppression d'emplois allait varier selon les diverses parties du Kent. Une légère augmentation, de l'ordre de 1 400 emplois, était prévue au Centre et au Sud-Ouest du Kent et une augmentation un peu plus importante, de l'ordre de 2 400 emplois, était envisagée au Nord du Kent ; en revanche, une importante suppression d'emplois, environ 8 900, était à craindre à l'Est du Kent.

Il devenait donc impératif de mettre en place une stratégie efficace pour le Kent, surtout à l'Est de la région, afin de faire face au déclin possible de l'activité économique.

Au-delà de 1996, les perspectives étaient plus positives, le tunnel sous la Manche devant offrir de nouveaux emplois au Kent dans son ensemble et, plus particulièrement, à l'Est. La construction d'une ligne ferroviaire internationale prévue pour la fin du siècle, devait largement contribuer à la création de nouveaux emplois. Jusque là, aucune suppression d'emplois supplémentaire due au tunnel n'était prévue. Il fallait donc agir à moyen terme, le long terme étant nettement plus prometteur.

En ce qui concerne la main-d'oeuvre embauchée pour la construction du tunnel sous la Manche, aucune formation spécifique n'avait été dispensée pour les travailleurs potentiels du Kent, ce qui signifie que 50 % de la main-d'oeuvre qualifiée avait été recrutée à l'échelle nationale (à l'inverse de la région du Calaisis où 90 % de la force de travail avait été recrutée au niveau local). Quoi qu'il en soit, la main-d'oeuvre qui a été recrutée sur l'ensemble du pays a apporté des bénéfices non négligeables à la région entre 1987 et 1991, dans la mesure où ces personnes sont venues s'installer dans la région le temps de la construction ; elles ont donc dû effectuer les dépenses nécessaires afin d'assurer leur vie quotidienne.

Les principales conclusions 245 du rapport de 1991 concernant la stratégie de 1987 étaient les suivantes :

Notes
244.

ibid., p. ii.

245.

ibid., pp. i et ii.