IV.8 Secteur du tourisme 262 :

Le développement du tourisme constituait une réserve très importante pour l'économie du Kent. En 1987, la Commission d'enquête, après avoir analysé les points forts et les points faibles de l'activité touristique dans le Kent, avait estimé que l'ouverture du tunnel pouvait avoir un impact significatif sur cette activité 263 .

La partie du Kent la plus visitée 264 en 1987 était l'Est du comté, plus particulièrement Cantorbéry, Douvres, Shepway et Thanet. Ces quatre lieux totalisaient la majorité des visites passagères, nuits passées et dépenses effectuées dans le Kent et, avec Ashford et Swale, avaient les plus grandes capacités de logement touristique. Ce qui signifie que la côte et les stations balnéaires exerçaient toujours, à ce moment-là, une forte influence sur le potentiel touristique du Kent. Néanmoins, les villes situées à l'intérieur des terres, telles que Cantorbéry, Rochester et Tunbridge Wells, avec leur caractère historique, étaient des destinations rêvées pour une excursion d'un jour pour les vacanciers des stations balnéaires. Les touristes en provenance du continent venaient pour se promener dans la campagne, visiter les lieux historiques, les églises et les cathédrales et faire des achats. De tout temps, le Kent a été apprécié pour son héritage culturel, son environnement, sa facilité d'accès ainsi que pour la richesse et la variété des attractions touristiques qui ont commencé à se développer en 1980. Cependant, la majorité de ces attractions se trouvaient plutôt au Nord, à l'Ouest et au Centre du Kent, alors que l'Est de la région n'avait que ses stations balnéaires à offrir aux touristes. De plus, ces attractions étaient trop éparpillées dans le Kent pour que les visiteurs puissent aisément effectuer des excursions à la journée. Une des solutions était de les regrouper, comme cela a été fait au sein du "Dickens Centre", du "Rochester High Street Improvement" et du "Chatham Historic Dockyard", qui ont attiré plus de 280 000 visiteurs en 1986 contre 66 000 en 1980, quand seul le "Dickens Centre" existait.

La Commission d'enquête, en 1987, avait donc dégagé deux objectifs fondamentaux dans le cadre d'une stratégie de développement de l'activité touristique dans le Kent : d'une part, contrer le déclin des stations balnéaires traditionnelles et compenser les effets de transition du tunnel par le tourisme à l'Est du Kent, surtout à Douvres, et, d'autre part, diversifier l'économie locale 265 . Pour atteindre ces objectifs, il était nécessaire de mettre en place toute une série de programmes portant sur le développement, la commercialisation et la qualité de l'activité touristique. Pour ne mentionner que cette dernière, un effort devait être fourni sur le plan de la qualité des services (le personnel employé dans l'industrie touristique devait être qualifié et consciencieux) et de l'environnement (la priorité allait être donnée aux villes et régions-clés).

Le Kent avait l'avantage d'être l'une des régions les plus prospères et les plus peuplées, tout en étant facile d'accès à partir de Londres qui recevait 60 % des touristes étrangers, avec 17 millions de passagers en provenance du continent.

Ainsi, le tunnel et ses infrastructures d'accompagnement devaient avoir des retombées positives sur le tourisme dans le Kent, voire même engendrer plus de trafic Transmanche.

En 1987, la Commission avait prévu de 2 000 à 3 000 nouveaux emplois dans le secteur du tourisme pour le Kent. Avec du recul, ces perspectives se sont avérées trop optimistes : en effet, il aurait fallu obtenir 30 000 livres sterling de dépenses touristiques pour créer un emploi dans ce secteur ; ce qui signifiait qu'il fallait générer une croissance du tourisme dans le Kent de 24 à 36 % pour atteindre cet objectif, chose irréalisable pour 1996. Cependant, le tunnel devait apporter des bénéfices nets au Kent sur le plan de l’emploi dans le tourisme, grâce à l'augmentation du flux de visiteurs, en transit ou en excursion pour la journée, ce qui représentait 15 millions de dépenses touristiques dans ce laps de temps, soit quelque 500 emplois supplémentaires, surtout à l'Est du Kent, voire 2 000 emplois pour 2001.

La stratégie de 1987 avait attaché beaucoup trop d'importance au rôle que devait jouer le tourisme dans la diversification des activités locales de l'Est du Kent. Le tourisme traditionnel des stations balnéaires a continué à décliner et, même si l'ouverture du tunnel engendrait des excursions à la journée, le rapport entre les dépenses occasionnées et le nombre d'emplois créés allait rester faible.

En 1991, les villes de Douvres, Cantorbéry et Thanet étaient en net progrès par rapport aux objectifs fixés en 1987. Dix nouveaux hôtels avaient été construits à Douvres, Ramsgate, Maidstone et Ashford et de nombreuses attractions avaient été mises en place ou remises en état, telles que le White Cliffs Experience à Douvres, le Canterbury Pilgrim Experience à Cantorbéry, le château de Douvres, le centre d'informations 266 d'Eurotunnel et d'autres attractions à Tunbridge Wells et à Faversham. Douvres, en particulier, avait beaucoup investi au point de vue des attractions touristiques, mais la contribution que ces attractions allaient rapporter ne suffirait pas à compenser la lourde perte d'emplois prévue pour cette ville portuaire.

Notes
262.

ibid., pp. 37-39.

263.

(tourism identified) "as an industry with considerable potential to realise benefits from the Channel Tunnel and associated infrastructure developments", voir Kent Impact Study 1991 Review, Study 2, rapport déjà cité, p. 127.

264.

voir annexe 7.

265.

"to reverse the existing decline of the traditional Kent resorts and offset the transistional effects of the Tunnel on tourism in East Kent, particularly Dover ; and to increase the Kent share of growing tourism markets which will be augmented by the Tunnel, in order to diversify the local economy", ibid., p. 81.

266.

voir supra p. 62.