CHAPITRE 4.
LE TUNNEL VU PAR LES REGIONS

La plupart des personnes s'intéressant aux relations franco-britanniques s'accordent à penser qu'il existe un réel fossé culturel de part et d'autre de la Manche. Le simple fait de se mettre d'accord sur un nom 306 pour les navettes devant emprunter le tunnel a posé problème et pris des mois. Tout d'abord, les Français avaient suggéré star 307 mais les Anglais ont rejeté cette proposition jugeant l'idée bonne mais pas assez proche de la réalité, comme la plupart des suggestions françaises. De leur côté, les Français ont rejeté les propositions britanniques, telles que loop 308 à cause de sa ressemblance avec le mot 'loup', ou dart 309 peu évocateur en français. Les diverses suggestions étaient testées sur la population par le biais de sondages. Ainsi, les agences Design ADSA à Paris et Wolf Olins à Londres ont effectué la navette, sans jeu de mots facile, jusqu'à ce que tous s'accordent sur le terme aujourd'hui utilisé : le Shuttle. La question s'est même posée de savoir s'il valait mieux choisir 'le Shuttle' ou 'the navette' ; pour des raisons de commodité linguistique, en l'occurrence la prononciation du the si ardue pour les Français, le choix s'est finalement porté sur 'le Shuttle'. Il est difficile d'imaginer qu'un simple nom ait posé autant de problèmes ; toujours est-il que cette difficulté traduit bien la différence culturelle.

Notes
306.

SIEGELE, L., "Eurotunnel. Fossé culturel = gouffre financier", Le Monde, l'économie PERSPECTIVES, 21 juin 1994, p. IV.

307.

étoile

308.

boucle

309.

fléchette