D. Impasses pragmatiques

L’étude de la rhétorique métathéâtrale nous a permis d’être plus au fait de ce que les metteurs en scène pensent et disent de leur propre art, qui vient donner sens à l’(in)organisation des répétitions ; il s’agit, on l’a vu, d’une rhétorique dont les fondements sont quasi-mythiques : règne du vivant, vertus de l’innocence, génération spontanée de la théâtralité pourvu qu’on abolisse les dogmes, les systèmes et les programmes. Bonheur de la précarité, de l’éphémère et de l’instable... Mais à trop se fier à ces considérations qui relèvent, à l’évidence, d’un horizon de pensée utopique, on finit par se contenter d’un éclairage très relatif, piégeant notre entreprise de rationalisation dans une abstraction poétique plus prompte à répandre l’ombre qu’à mettre de l’ordre. Aussi est-on tenté d’y opposer quelques considérations (bassement) pragmatiques, que certains témoignages de comédiens nous ont déjà permis d’entr’apercevoir : face à la mythologie d’un processus biologique, miraculeusement spontané, développée par les metteurs en scène, et relayée par certains comédiens d’ailleurs, se trouve en effet le comédien « en travail », aux prises avec la réalité d’une pratique, en devoir d’accoucher d’un jeu pour lequel il réclame quelques repères stables.