A. Une verbalité chaotique

1) L’oralité et ses « figures »

Les extraits de répétitions qu’on a eu l’occasion de rencontrer jusqu’à présent nous ont permis d’apercevoir, sans les analyser encore, les « scories » qui affectent naturellement le matériel verbal lorsqu’il se prononce à mesure qu’il s’invente, et qui donnent au discours parlé cet aspect moins lisse et moins organisé que ne l’est l’écrit. Nous avons tenté, dans la mesure du possible, de restituer dans nos transcriptions cette rugosité de la langue orale, ses « ratés », ses tremblements et ses silences... Il ne s’agissait évidemment pas seulement pour nous de produire un effet « couleur locale », en faisant entendre le bruissement de la langue tel qu’il se manifeste réellement dans l’interaction de répétition ; retranscrire fidèlement cette matérialité de la parole, les heurts dans lesquels elle s’accouche, c’est aussi se donner les chances d’interroger les conditions et les enjeux de sa profération. C’est apercevoir les deux scènes sur lesquelles cette parole joue, l’une relevant du théâtre de la pensée, l’autre du théâtre de la relation.