B . Matériel paraverbal et non-verbal : le texte animé

L’étude du matériel verbal, quand bien même elle s’attarde sur les « anomalies » liées à la production orale des énoncés, s’apparente finalement à une analyse du discours qui n’épuise nullement le potentiel sémiotique de l’oralité : dans notre contexte où la parole est proférée de vive voix, animée et gestualisée, la production et la circulation du sens opère évidemment par bien d’autres voies que la seule disposition d’unités linguistiques. Il faut ainsi tenir (et rendre) compte de tout le matériel paraverbal, constitué des unités sémiotiques transmises par le canal auditif, mais qui ne relèvent pas de la langue : ce sont les phénomènes intonatifs, les pauses, l’intensité articulatoire, le débit, les caractéristiques de la voix, que de simples transcriptions font disparaître et qui jouent pourtant un rôle considérable dans l’interaction de répétition. Il faut encore y ajouter le matériel non-verbal, dont les unités sont transmises par le canal visuel : regards, postures, mimiques, gestes... L’un et l’autre matériels (vocalité et gestualité) venant s’adjoindre au verbal dans un même mouvement, dans le même procès d’animation - au sens où ce qui anime, c’est le souffle de la voix (dimension paraverbale), et donc celui du mouvement du corps (dimension non verbale) - nous proposons de les fondre, pour plus de commodité, dans une même notion : le « périverbal ». Le terme n’est pas très heureux, dans la mesure où il connote une extériorité presque accessoire, alors qu’il prétend désigner une dimension constitutive de l’expression orale, qui n’est pas autour d’elle mais en elle. Disons que cette « extériorité » n’est pertinente que par opposition au matériel strictement verbal (les unités linguistiques), et qu’elle rend compte, à défaut d’une meilleure solution, de la manière dont nous avons fait apparaître dans nos transcriptions les unités sémiotiques du paraverbal et du non verbal : par de petits graphèmes satellites, autour du texte.