II Dramaturgie : la relation métatextuelle

À l'orée de tout spectacle, du moins dans le champ d'étude que nous avons défini, s’est nouée la rencontre d'un metteur en scène avec un texte de théâtre : une expérience de lecture, liminaire, qui le déterminera à le porter à la scène, un jour ou l'autre. Le « passage à l'acte » n'est pas nécessairement immédiat, et parfois plusieurs années peuvent séparer cette première rencontre avec un texte, l'éventuel désir de s'y affronter, et sa mise en spectacle effective : bien des projets de mise en scène peuvent ainsi demeurer à l'état de rêves aussi longtemps qu'il faut pour que les circonstances, enfin, s'avèrent favorables, que le projet atteigne sa maturité, et que le temps de lui donner forme semble venu. Une fois le temps venu, l'équipe assemblée, et le projet concrètement enclenché, cette expérience de lecture ne s'achève pas, bien au contraire : elle se rappelle au souvenir de celui qui la fit, en même temps qu'elle se renouvelle, prend des voies insoupçonnées, trace de nouveaux chemins... Elle n'en finit pas d'irriguer la parole de mise en scène, au point qu'une proportion considérable des énoncés proférés en répétition sont analysables comme étant constitutifs d'une activité de lecture qui se « verbalise ». Qu'est-ce à dire ? La lecture est une activité protéïforme, qui va du déchiffrement littéral primaire à « l’interprétation » la plus émancipée de la lettre du texte, en passant par tous les stades de la coopération interprétative, de l'analyse, de l'exégèse... Le champ qui s'ouvre à nous s'avère immense, recouvrant toute parole en lien plus ou moins étroit avec le texte, et pourquoi pas, toute la parole de mise en scène, qui toujours, plus ou moins, est parole autour, ou à partir d'un texte.