b) Les protocoles d'entrée dans le texte

Il est ainsi tentant de mettre cette conception de la dramaturgie expérimentale à l'épreuve d'une vérification, celle du premier jour de répétition, moment fatidique de la rencontre collective avec le texte, présidée par la parole du metteur en scène - alors proliférante, limitée par aucune réponse - tout entier attaché à ce périlleux exercice de style : parler de ce sur quoi il prétend, si on l'en croit, ne rien savoir encore... Et si nous parlons de protocole, c'est qu'il semble bien y avoir, par delà les pratiques individuelles et le refus des modèles préalables, un certain nombre de structures récurrentes dans ce cérémonial de la première fois. Notre enquête s'appuie ici sur trois exemples de première journée de répétition - celle de Tout est bien qui finit bien (Shakespeare - Jean-Pierre Vincent), de Richard III (Shakespeare - Patrice Chéreau), et de Rosmersholm (Ibsen - Jacques Lassalle 202 ) - qui permettent d'isoler une étape du travail où la relation avec le texte est primordiale, sinon exclusive, et d'en savoir un peu plus sur ce qu'il en est de la dramaturgie dans la répétition.

Notes
202.

Ce corpus nous est transmis par Yannic Mancel, qui a recueilli et retranscrit - sous les espèces d'une écriture polissée que la vocation éditoriale de l'exercice exigeait - les propos du metteur en scène pendant la première journée de répétition. Le texte, d'abord publié dans la Revue du T.N.S n°14 (janvier 1987) figure dans Pauses, pp. 111 à 123.