II. Typologie des objets et des approches dramaturgiques

Il y a mille façons de parler d’un texte - la fortune de la critique littéraire et son évolution au fil du temps nous l’ont suffisamment appris ; il y en a plus encore lorsque le matériel littéraire observé présente la complexité sémiotique propre au texte de théâtre. Le travail d’Anne Ubersfeld dans Lire le Théâtre aurait pu constituer une référence pour notre propre étude, disons un modèle théorique, puisqu’il entretient lui aussi une relation métatextuelle avec le texte de théâtre, et propose un immense réservoir de critères permettant de l’aborder. Mais la démarche est pratiquement l’inverse de la nôtre : tandis que son travail part de la théorie (la sémiologie, appliquée au texte de théâtre) pour aller à la rencontre de la pratique (il s’agit de « rendre service [...] aux gens de théâtre, metteurs en scène qui y verront pour une large part une systématisation de leur pratique spontanée ou raisonnée” 323 ), notre étude s’appuie au contraire sur l’observation de pratiques avérées, dans lesquelles il s’agit d’observer des formes et des fonctions récurrentes, susceptibles d’être raisonnées en une théorie. Comme Umberto Eco, nous choisissons plutôt de nous tenir « à la surface de l'acte de lecture ». Aussi notre typologie des lectures possibles du texte de théâtre, telles qu’elles sont produites par les praticiens, ne recouvre pas tout à fait la typologie des modes de lecture proposée par Anne Ubersfeld. Il s’agit pour nous de repérer les éléments (formes, structures, contenus) du texte de théâtre qui font l’objet d’un commentaire dans la parole de répétition, et de les classer selon le principe cognitif qui a permis leur identification et leur qualification - ce qui revient à proposer une typologie des différentes approches métatextuelles possibles, autrement dit, un repérage des opérations de « lecture ».

Notes
323.

Anne Ubersfeld, Lire le théâtre I, p. 9.