III Rhétorique du metteur en scène : à la recherche du personnage

Nous voici rendus au « cœur du sujet » comme on dit, à la fois son centre névralgique et son principe organisateur, auquel notre recherche dans son ensemble doit son titre ; ce lieu - ce topos - de la mise en scène n’a rien pour surprendre : le metteur en scène s’y tient face au comédien, à qui il parle pour l’amener à jouer. Ce face à face, nous l’avons certes abordé déjà (nous ne l’avons même jamais quitté, puisqu’il est la condition sine qua non de la pratique de la mise en scène), mais selon des éclairages que l’on pourrait dire latéraux : dans le premier mouvement de notre investigation, ces deux protagonistes « principiels » ont été considérés davantage comme les partenaires d’une interaction sociale qu’il nous fallait circonscrire, interaction que par ailleurs la rhétorique des metteurs en scène sur leur travail permettait d’éclairer. Dans un deuxième temps, c’est davantage le face à face du metteur en scène avec le texte théâtral qui nous a intéressée, et qui mettait le comédien en position de destinataire certes, mais comme un tiers, témoin de l’entretien imaginaire qui se développe entre un metteur en scène et l’auteur qu’il entreprend de porter à la scène. Ici, il nous faut aborder désormais frontalement la relation de parole qui unit l’un et l’autre partenaires, nous aventurer véritablement dans l’inspection des formes et des fonctions de cette parole, pour tenter d’approcher les procédures verbales qui rendent possible la créativité théâtrale.