1) « Visions et raisonnements »...

Mettre en en scène, rapporte Eloi Recoing à propos du travail de Vitez, « suppose d’allier visions et raisonnements » ⁴⁸¹  ; et Eloi Recoing d’associer à cette formule une citation de Claudel, extraite du prologue du Soulier de Satin : « L’ordre est le plaisir de la raison, mais le désordre est le délice de l’imagination ». Les deux pôles qui se distinguent dans ces propos organisent des formes qui sont à la fois des modalités de l’activité cognitive et des stratégies discursives : d’un côté, l’imagination, qui produit ces « visions » (relayées par la parole selon des procédures que nous observerons) dont parlait Vitez, et de l’autre, la raison, qui se traduit naturellement en « raisonnements ». Si, comme on l’a déjà vu, « répéter, c’est penser à haute voix », il n’y a pas lieu de s’étonner de ce que l’étude de la rhétorique de mise en scène analyse ainsi dans un même objet une opération cognitive et une stratégie persuasive ; pour y voir plus clair, on peut néanmoins tenter de qualifier plus avant les unes et les autres, en puisant chez divers théoriciens une terminologie propre à en rendre compte.