a) Les lieux du vraisemblable

On pourrait puiser des exemples de raisonnements dans la quasi-totalité de notre corpus : dès lors qu’il se situe dans ce que nous avons appelé « l’aire rhétorique », dès lors qu’il entend fonder « en raison » ses indications, le metteur en scène est toujours plus ou moins un (pseudo)-logicien : construire un personnage, quel qu’il soit, et diriger un acteur, exige à un moment ou à un autre de conjecturer la « logique » de son action, de ses comportements et de ses états, à quoi les raisonnements dans la parole de mise en scène travaillent essentiellement. Et dans une large majorité de cas, c’est une forme de vraisemblance psychologique qui détermine les inférences à l’origine de ces raisonnements ; pour s’en convaincre nous optons pour des exemples issus de la mise en scène de Tout est bien qui finit bien par Jean-Pierre Vincent ; le théâtre de Shakespeare n’étant pas le plus « psychologisant » du répertoire, et ce metteur en scène pas nécessairement le plus porté sur l’investigation psychologique dans son approche de la mise en scène, il est intéressant de constater que la vraisemblance psychologique occupe néanmoins une place essentielle dans la logique argumentative déployée en répétition. Et pour plus de clarté, dans la mesure où l’analyse des raisonnements réclame de s’aventurer assez profondément dans le détail de l’interprétation d’une pièce, nous ne quitterons pas cette patrie shakespearienne, suivant de proche en proche les personnages de cette pièce, leurs « états » et leurs « intentions ».